L’histoire ne dit pas si Gervais Martel et Antoine Kombouaré savent combien de ponts séparent Lens, sympathique commune du Pas-de-Calais, d’Amiens, préfecture de la région Picardie. Ce qui est certain en revanche, c’est que beaucoup d’eau a coulé depuis que les Sang et Or ont quitté leur bastion historique pour rejoindre la cité bordée par la Somme, contraints par les lourds travaux du Stade Bollaert-Delelis en perspective de l’accueil de l’Euro 2016.
Outre leur déménagement forcé, les Lensois ont également subi cet été les foudres d’une DNCG qui les a interdits de recrutement, mécontente du manque de garanties financières apportées par l’actionnaire principal du club, Hafiz Mammadov. Résultat ? Un retour en Ligue 1 abordé avec dix joueurs sur le départ et aucun renfort, et des troubles financiers qui persistent alors que Noël arrive à grands-pas.
Pas de quoi s’étonner vraiment, dans ces circonstances, que le parcours sportif des joueurs du Racing Club de Lens ne soit pas franchement à la hauteur des espérances suscitées par cette remontée dans l’élite parmi leurs supporters. Après un début de saison moyen, les Sang et Or ont subi un automne quasiment catastrophique : ils restent sur trois défaites consécutives en Ligue 1, leurs six derniers matches se résument en une victoire et cinq défaites, et leur dernier succès remonte au 24 octobre dernier. En outre, l’acclimatation au Stade de la Licorne n’est pas idyllique puisque le club pas-de-calaisien est avant-dernier du classement à domicile avec seulement une victoire en six matches. Bilan des courses après quatorze journées : le RC Lens a peu à peu dégringolé dans les profondeurs de la Ligue 1 et se coltine désormais la lanterne rouge du championnat.
Si Albert Cartier a eu connaissance de ces quelques statistiques avant de préparer le déplacement de ce samedi à Amiens – et il est difficile d’en douter – on pourrait alors craindre (tout au moins les personnes qui ne le connaîtraient pas encore suffisamment) que le technicien vosgien ne plonge dans un certain optimisme béat avant d’affronter les hommes du président Martel. Oui, mais non.
Car côté messin, ce match face à un ancien compagnon de cordée pourrait bien s’avérer plus décisif qu’on ne le pense, et moins facile que prévu.
Les statistiques, tout d’abord, ne sont guère plus flatteuses pour les Grenats à l’heure d’aborder le mois de décembre. Leur défaite face au Paris SG les a faits basculer dans une deuxième partie de tableau qui est certes tout sauf indigne de leurs ambitions, mais qu’ils n’avaient plus fréquentée depuis le 13 septembre dernier. En outre, ils restent sur deux revers consécutifs en championnat et n’ont pas fait beaucoup mieux que leur adversaire lensois sur les six derniers matches : une victoire, un nul et quatre défaites pour quatre points pris sur dix-huit.
Le contexte, ensuite, confère à ce duel de promus un caractère plus capital que la rencontre de la semaine dernière face à l’ogre de la capitale. Avant d’aborder une série qui les verra affronter tour à tour Bordeaux, Marseille et Monaco et enchaîner deux déplacements consécutifs dans la cité phocéenne (le 7 décembre) et à Lorient (le 13 décembre), les joueurs du FC Metz ont la possibilité de réaliser une opération sportive et comptable de premier plan s’ils battent un concurrent direct pour le maintien et s’ils corrigent leur premier faux-pas de la saison à domicile par un deuxième succès à l’extérieur ; ou bien, au contraire, ils pourraient bien encaisser un sévère coup derrière la tête s’ils subissent leur sixième défaite loin de leurs bases et qui plus est, chez le dernier de la classe.
L’histoire commune, également, brouille souvent les pistes de ces retrouvailles programmées. Camarades de la promotion « Remontée 2014 », Lensois et Messins avaient fait la route ensemble en tête de la Ligue 2 la saison dernière. Les seconds avaient imprimé une marque plus profonde au championnat en le dominant dans les grandes largeurs, mais les premiers avaient néanmoins réussi à les défaire lors de leurs deux confrontations (défaite messine 3-2 à Lens et 0-1 à Saint-Symphorien). Ah, toujours cette vieille histoire de bête noire et/ou de rivalité mal placée qui colle aux basques !
Le statut, enfin, pose question. Le Racing Club de Lens et le FC Metz partagent, avec le SM Caen, ce statut de promu en Ligue 1 qu’il n’est pas toujours facile d’arborer correctement en toutes circonstances. Chacun d’entre eux en est à son deuxième affrontement entre promus : Lensois et Caennais se sont séparés sur un score nul et vierge à la Licorne en septembre et les Messins sont parvenus à prendre le dessus in extremis sur les Normands le 1er novembre, ce qui constitue par ailleurs leur dernière victoire en championnat. En outre, les déboires que les Nord-Pas-de-Calaisiens connaissent depuis le début de la saison semblent les avoir un peu éloignés du chemin qu’ils partageaient avec les Lorrains depuis la saison dernière. Mais attention : un match de football a ce pouvoir de remettre un cavalier en selle alors même qu’il était tombé à terre, et de faire chuter un voltigeur au sommet de son talent.
Une certitude tout de même pour conclure : ces retrouvailles permettront aux deux équipes de réajuster leur positionnement relatif autant que leurs positionnements respectifs dans cette Ligue 1. Alléchant, sans aucun doute !
RC LENS – FC METZ
15° journée de Ligue 1
Samedi 29 novembre 2014 à 20h00
Stade de la Licorne à Amiens
Match à suivre en direct et en intégralité à partir de 19h45 sur : www.fcmetz.com (live-texte), beINsports Max 5 (live vidéo) et D!RECT FM 92.8 FM (live audio).