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Philippe Gaillot : «Le dialogue est permanent»

Le directeur général adjoint est revenu mercredi sur les relations existant entre le club et ses supporters, réaffirmant que le dialogue était permanent malgré les désaccords, et a confirmé que l’objectif unique du FC Metz était de garantir la sécurité du public de Saint-Symphorien. Entretien.
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Philippe Gaillot, certains supporters ultra manifestent actuellement leur mécontentement vis-à-vis de la décision prise par le club il y a quelques semaines d’interdire les banderoles et les tifos jusqu’à nouvel ordre. Pouvez-vous nous rappeler pourquoi cette décision a été prise ?
Philippe Gaillot :
« C’est simple. L’utilisation d’engins pyrotechniques dans les enceintes sportives est d’une part illégale, d’autre part dangereuse. La saison dernière, 63 engins pyrotechniques ont été utilisés par des supporters messins et cette saison lors du match contre Lyon, un supporter mineur a été blessé à cause d’un pétard détonant. Or, tous les moyens que le FC Metz investit depuis trois ans pour lutter contre les engins pyrotechniques sont inefficaces si ces engins sont allumés sous des banderoles ou des tifos, ce qui a notamment été le cas lors du match face au Havre la saison dernière. »

La blessure d’un jeune supporter a donc été l’élément déclencheur de cette décision ?
PG :
« Il faut rappeler qu’en termes de sécurité, le FC Metz, en tant qu’organisateur, est responsable en matière disciplinaire auprès des instances du football, mais également en matière pénale auprès de la justice française. En outre, les clubs ont une obligation de résultat* en matière de sécurité et tout accident, notamment lié à l’allumage d’un fumigène, engage la responsabilité pénale du président du FC Metz. Il est donc normal et logique que celui-ci mette tout en œuvre pour garantir la sécurité du public de Saint-Symphorien. En l’occurrence, la blessure du jeune supporter, qui a donné lieu à la sanction prononcée par la Commission de Discipline de la LFP puis par la Commission d’Appel de la FFF, a été un électrochoc et déclenché une prise de conscience générale du fait que le risque pour la sécurité du public existait bel et bien et qu’il fallait prendre des mesures pour le diminuer au maximum. »

Le FC Metz a beaucoup investi en matière de sécurité ces dernières années. Comment cela se traduit-il ?
PG :
« Effectivement, depuis trois ans, le club investit beaucoup en la matière. Nous avons acquis un système de vidéosurveillance ultra  perfectionné qui a été mis en place puis amélioré encore petit à petit, le tout pour un montant de 210 000 euros. En outre, du fait du nombre importants d’incidents liés à nos supporters depuis trois ans, le club doit faire face à une augmentation des frais de sécurité et de police supportés pour essayer de lutter contre ces comportements déviants. Rien que pour la saison dernière, ces frais sont évalués à 510 000 euros, exclusivement à la charge du FC Metz. Et je ne mentionne même pas encore les 87 000 euros d’amendes infligées au club en 2013-2014 uniquement pour l’utilisation d’engins pyrotechniques. Pour un club comme nous, toutes ces sommes sont très, très lourdes à assumer. »

Et pour autant, ces moyens ne suffisent apparemment pas !
PG :
« Non, car on a beau mettre en place le meilleur système de vidéosurveillance du monde, si les individus allument des fumigènes en étant cachés derrière des banderoles ou des tifos comme cela est de plus en plus le cas (car ils ont trouvé la combine), nos caméras ne servent à rien. Du coup, nous ne pouvons pas identifier les fauteurs de troubles ni les poursuivre en justice. Or, c’est à l’heure actuelle notre seul moyen de lutter efficacement contre les engins pyrotechniques. »

Renforcer la palpation aux entrées ne permettrait-elle pas de lutter également contre ces engins ?
PG :
« Aujourd’hui, les pétards ou les fumigènes sont de la taille d’un gros stylo bille. Certes, nous renforçons autant que faire se peut la palpation qui est effectuée aux entrées du stade, mais il ne faut pas se leurrer : si un individu veut en introduire un au stade, il trouvera toujours un moyen de le faire. C’est pourquoi la lutte contre les engins pyrotechniques passe par le dépôt de plainte systématique du club contre les individus qui les allument, cela n’étant possible que si ces derniers ne sont pas cachés derrière une banderole, et cela passe également par l’évolution des mentalités des ultras qui doivent comprendre que ces engins pyrotechniques sont devenus illégaux car ils sont très dangereux. »

Estimez-vous que les ultras messins sont sensibles à ce discours ?
PG :
« Je pense que les responsables des groupes avec lesquels nous discutons sont désormais prêts à entendre ce message et qu’ils comprennent que les fumigènes et les autres engins pyrotechniques n’ont plus leur place au stade. Néanmoins, la traduction dans les comportements ne se fera pas en un jour. Il y a du progrès mais il faut que ces progrès soient confirmés dans la durée. »

Les groupes ultra ont décidé de faire la grève des encouragements suite à la décision du club de ne plus autoriser jusqu’à nouvel ordre les tifo et banderoles. Cette grève ne risque-t-elle pas à terme de peser sur les résultats de l’équipe professionnelle ? N’est-il pas temps que la direction du club fasse le premier pas et trouve un compromis pour que la situation s’arrange avec les supporters ?
PG :
« Les banderoles et les tifos ont été interdits pour des raisons de sécurité, car le FC Metz est responsable de la sécurité de son public. La grève des chants n’a rien à voir avec cela. On ne parle pas d’animation et d’ambiance ici, mais de sécurité et de responsabilité pénale. Il n’y a pas de compromis à trouver quand on parle de sécurité. Le seul élément qui fera avancer les choses et pourrait amener à ré-autoriser les banderoles sera l’amélioration du comportement des supporters en matière d’engins pyrotechniques, et on ne peut pas voir cela au bout de deux matches. Et si les groupes de supporters veulent prendre les joueurs en otage pour que le club renonce à garantir la sécurité de son public à Saint-Symphorien, c’est vraiment dommageable et regrettable pour tout le monde, pour les joueurs en premier lieu qui n’y sont pour rien dans cette histoire. C’est comme punir X pour un affront commis par Y. Sincèrement, on ne le comprend pas. Mais en tous les cas, cela ne pourra pas faire changer la position du club sur cette question primordiale qu’est la sécurité. »

Continuez-vous à discuter avec les groupes de supporters ultra ou le dialogue est-il rompu ?
PG :
« J’ai été surpris de lire que les relations étaient rompues entre la direction et les groupes de supporters. Nous rencontrons tous les groupes de supporters une fois par mois au moins dans le cadre des réunions de Cœur Grenat. Ensuite, nous sommes toujours disposés à recevoir les représentants des groupes s’ils souhaitent nous rencontrer dans un cadre plus restreint. Pas plus tard que la semaine dernière, j’ai échangé en tête-à-tête pendant plus d’une heure avec des responsables de l’un des groupes ultra ; Albert Cartier les a reçus à leur demande dans son bureau pendant un bon moment ce lundi après l’entraînement, et moi-même encore ensuite. Enfin, nous les avons à nouveau rencontrés hier soir pour les informer de la décision prise par les instances concernant le huis clos partiel, car nous voulions leur en parler personnellement avant de communiquer l’information à la presse et au grand public. Jamais nous n’avons refusé de les rencontrer, même si nos avis sont parfois divergents. Le dialogue est permanent. »

Les supporters ont parfois le sentiment de ne pas être suffisamment soutenus par le club. Ils sont à nouveau interdits de déplacement à Amiens pour la rencontre RC Lens – FC Metz. Ne s’acharne-t-on pas contre eux ?
PG :
« S’agissant de l’interdiction du déplacement à Amiens pour le match face à Lens, il est difficile d’avoir des arguments pour combattre cette décision. L’année dernière en Ligue 2, il y a eu des incidents très graves du fait de supporters messins à Lens : un bus de supporters lensois a été attaqué sur une aire d’autoroute et cinq fonctionnaires de police ont été blessés lors d’affrontements avec des Messins aux abords du stade. Que voulez-vous répondre à cela ? Est-il seulement envisageable que le FC Metz approuve ou seulement accepte une telle violence ? Pourtant, c’est toujours le même problème : les supporters qui ne cherchent qu’à encourager leur équipe sont sanctionnés pour le comportement de quelques-uns. C’est triste. »

La Commission d’Appel de la Fédération Française de Football a commué la sanction initiale de la Commission de Discipline de la LFP, qui était un huis clos partiel avec sursis, en un huis clos partiel ferme. Là encore, les supporters messins ne peuvent-ils pas se sentir stigmatisés ?
PG :
« C’est un fait que l’image de nos supporters auprès des instances et auprès des forces de l’ordre est très mauvaise. Pourquoi ? Parce que nous avons eu à gérer des incidents relativement graves lorsque nous étions en National, et il ne faut pas oublier non plus que la saison dernière, le FC Metz a été condamné à 11 reprises par la LFP pour le comportement de ses supporters, que douze supporters messins ont été interdits de stade et que des incidents ont émaillé quelques déplacements de supporters messins. Ce sont ces antécédents qui ont pesé dans la balance au moment où la Commission d’Appel a choisi de transformer la sanction avec sursis en une sanction ferme. Faire évoluer l’image de nos supporters auprès des instances et du ministère de l’intérieur prendra peut-être du temps, mais on finira par y arriver si nous, dirigeants et supporters, marchons dans le même sens : celui de l’éradication de la violence et des engins pyrotechniques du stade. En outre, dans cette histoire de huis-clos, nous avons été au bout de nos moyens de défense puisque nous avons été jusqu’au Comité Olympique. »

On peut vous reprocher de ne pas avoir communiqué avant sur cette sanction.
PG :
« Aurait-on dû dire trois jours avant la réception de Paris à 3000 de nos supporters qu’il y avait une chance pour qu’ils ne puissent pas assister à un match qu’ils attendent depuis plusieurs années et susciter la panique, ou combattre avec force et jusqu’au bout cette décision en coulisses sans attirer l’attention des médias ? Nous avons choisi la deuxième option, en allant jusqu’au bout de ce qui nous était possible de faire. Crier haut et fort notre mécontentement n’aurait rien changé à l’histoire. On peut nous reprocher aujourd’hui, vue la décision finale, d’avoir fait appel, mais si nous n’avions pas contesté la décision, on nous l’aurait alors certainement reproché également en soulignant un manque de soutien envers nos supporters. Je vous rappelle également que le Comité Olympique n’a qu’un rôle de proposition et que la décision finale revient toujours à la Fédération Française de Football : nous ne pouvions pas faire de miracle et nous sommes aujourd’hui contraints de subir ce huis clos partiel autant que nos supporters. Et à ceux qui estiment que nous avons « préféré » faire appliquer cette sanction sur Bordeaux plutôt que sur Paris, je réponds : pour Bordeaux, nous avons la possibilité de permettre à tous les spectateurs qui ont déjà acheté un billet en Ouest Basse d’assister quand même au match ; pour Paris, qui était à guichets fermés depuis plusieurs semaines, cela aurait été impossible et aurait certainement entraîné des troubles à l’ordre public. Bien malgré nous, nous aurions simplement pu dire aux supporters concernés de rentrer chez eux.»

*Avis du Conseil d’Etat du 29/10/2007 et du 20/10/2008

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