
L’ambiance est bon enfant, ce mercredi soir dans les locaux du groupe de supporters En Avant Metz, au stade Saint-Symphorien. Quel meilleur endroit Cœur Grenat, qui regroupe toutes les sections de supporters du FC Metz, aurait-elle pu trouver pour organiser une conférence de presse sur le sujet de la rénovation de l’antre du club à la Croix de Lorraine ? En tous les cas, l’accueil est chaleureux, mais les mines concentrées. Ce n’est pas tous les jours que les supporters messins reçoivent la presse. C’est encore plus rare quand ils bénéficient d’une fenêtre d’intervention en direct dans le journal télévisé du soir. Ce mercredi, c’est un petit événement.
Il faut dire que la faim justifie les moyens. Privés, au même titre que tous les habitants de notre département, d’un Euro 2016 alors qu’ils avaient tous commencé à y croire, privés à ce titre d’une rénovation d’envergure de « leur » stade qu’ils attendent bien légitimement depuis des années, les aficionados des Grenats n’ont pas l’intention de s’avouer vaincus avant d’avoir pu se battre. Ce mercredi soir, c’est l’occasion de faire, enfin, entendre leur voix. Section par section, groupe par groupe, ils se présentent et font passer leur message. En toute harmonie, ce qui n’est pas toujours gagné d’avance en terre grenat !
S’ils sont tous particulièrement déçus de la décision de Dominique Gros, ils sont désormais inquiets de la tournure que prendra le projet de rénovation du stade Saint-Symphorien, estimée à juste titre indispensable. « Nous attendons des réponses : que compte faire la Mairie aujourd’hui avec le stade Saint-Symphorien, qui lui appartient ? » s’interrogent-ils en chœur. « Quel est l’avenir du FC Metz si son stade n’est pas rénové ? » poursuivent-ils, cachant à peine leur colère. La prochaine étape, d’ores et déjà inscrite dans leur agenda, est de solliciter un entretien avec Dominique Gros. Pour obtenir des réponses, des explications, des garanties. Pour être rassurés, légitimement.
DECLARATIONS DES MEMBRES DE COEUR GRENAT
Alain Faber, président de Cœur Grenat : « Je remercie En Avant Metz de nous accueillir dans ses locaux, qui sont un peu vétustes, vous en conviendrez, mais qui sont tout à fait à l’image de notre stade. Nous avons été surpris de la décision prise par Dominique Gros de retirer la candidature de Metz à l’Euro 2016. Nous y avions tous cru et avions pu remarquer la ferveur que cette candidature avait soulevée dans tous les clubs de supporters, et ce partout en Moselle, voire un peu plus loin. Ces derniers jours, que ce soit par le biais du lancement de pétitions ou de différents messages diffusés lors du dernier match, nous avons démontré que nous, les supporters du FC Metz, pouvions nous mobiliser. Si le Maire de Metz ne souhaite pas respecter ses engagements concernant la candidature à l’Euro, il faudra toutefois qu’il en trouve d’autres. Aujourd’hui, la question principale et essentielle qui se pose à nous est : dans quel stade le FC Metz va-t-il jouer dans l’avenir ? C’est une question primordiale. »
Gérard Werkmeister (Supporters-Club Holving Pays-des-Lacs) : « A chaque match, nous remplissons un bus complet pour aller encourager le FC Metz à Saint-Symphorien, et ce malgré la distance qui nous sépare. En matière de ferveur, je peux vous dire que nous n’avons pas de leçon à recevoir ! »
Xavier Schmitt (Génération Grenat) : « Notre souci aujourd’hui, c’est de savoir quel peut être l’avenir du FC Metz s’il continue à évoluer dans un stade aussi vétuste. L’avenir de notre club passe par un stade moderne, qui puisse attirer aussi bien de nouveaux sponsors que séduire des joueurs, pour qui la qualité des infrastructures est devenue une priorité. Que va devenir le FC Metz ? Aujourd’hui, nous sollicitons le Maire de Metz, Dominique Gros, pour qu’il nous donne des réponses. La rénovation de Saint-Symphorien aurait coûté dix millions d’euros à la Ville de Metz dans le cadre de l’organisation de l’Euro, mais elle risque de lui en coûter douze millions et demi sans Euro*. Il faut que monsieur le Maire nous explique pourquoi il va demander deux millions et demi d’euros supplémentaires aux contribuables messins ! »
Sébastien Siegwart (Horda Frénétik 97) : « Nous rejoignons Génération Grenat et les autres groupes de supporters dans leur déception et leurs préoccupations actuelles. Quel avenir pour ce stade, dépassé, vétuste, presque hors-norme ? La décision de Dominique Gros de renoncer à l’Euro va faire que les Messins devront dépenser plus d’argent pour un stade moins beau, moins grand et moins rapidement construit. La stratégie de la Ville de Metz nous échappe. Par ailleurs, en tant que supporters de foot et pas seulement du FC Metz, nous nous interrogeons : quelle place reste-t-il pour les sports populaires à Metz ? Pendant qu’on laisse Saint-Symphorien tomber en ruines, on dépense des centaines de milliers voire des millions d’euros pour des manifestations que nous qualifierions d’élitistes. Nous voulons des réponses concrètes, un échéancier. Et nous voulons savoir si la ville de Metz aime ou non son club de foot. »
Jean Boother (Les Grenathions) : « Nous sommes énormément, énormément déçus. Nous avons déjà été privés de la Coupe du Monde en 1998, et on vient de nous enlever l’Euro. J’ai vu beaucoup de jeunes qui avaient les larmes aux yeux après avoir appris la nouvelle. »
Mehmet Demircan (Orne Grenat) : « Que dire de plus, à part que, comme tous les autres, nous sommes vraiment déçus ? »
Bernard Mosser (En Avant Metz, section d’Ars-sur-Moselle) : « J’ai joué au FC Metz il y a longtemps. Il y a peu, j’ai été saluer un ami dans les vestiaires de Saint-Symphorien : à part quelques carreaux de carrelage et la peinture, rien n’avait changé depuis quarante ou cinquante ans. Il faut impérativement faire quelque chose pour le stade. »
Patrick David (En Avant Metz) : « J’ai suivi le FC Metz partout en Europe, lors de ses épopées en coupes. Ces derniers temps, je m’étais pris à rêver que ce serait l’Europe qui viendrait au FC Metz. Mais on nous a laissé tomber, à seulement quelques jours du dépôt du dossier. Ce n’est pas une façon de faire, et nous allons le faire savoir ! »
*La rénovation de la seule tribune Sud-Moselle est estimée à environ 25 M€. Sans Euro, seuls la Mairie de Metz et le Conseil Général de la Moselle pourraient participer au financement de ces travaux : il n’y aurait ni aide de l’Etat, ni financement privé. Un apport privé ne pouvait être envisagé qu’en cas de construction de deux angles de bureaux, exploités par un opérateur.