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"Mon frère est sans doute la personne la plus importante"

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Danley, vous êtes une personne très discrète en dehors des pelouses et nous vous connaissons donc peu. Pouvez-vous nous narrer votre enfance à Haïti ?

Danley Jean Jacques : « Je suis né en 2000 dans la ville de Petit-Goâve. Je vivais dans une maison où nous étions huit avec ma maman, mes frères et sœurs, ma tante et mes cousines. Je ne voyais pas beaucoup mon papa, car il travaillait loin de la maison. J’ai eu la chance d’avoir une enfance heureuse car nous étions une famille très soudée et j’étais notamment très proche de mon frère. »

Quel(s) souvenir(s) gardez-vous de ces premiers pas à courir derrière un ballon dans les rues de Petit-Goâve ?

D.J.J. : « Ce n’est que de très bons souvenirs. Nous étions beaucoup et avec des personnes beaucoup plus âgées que moi. Il y avait un adulte qui me prenait tout le temps dans son équipe malgré mon jeune âge. C’étaient des moments mémorables car je me retrouvais toujours face à mon frère et je lui mettais la misère avec moi (rires).

En 2010, vous avez vécu aux premières loges un évènement que vous n’êtes pas près d’oublier. Pouvez-vous revenir sur ce 12 janvier ?

D.J.J. : « Je m’en souviens comme si c’était hier. À cette époque, il y avait un feuilleton diffusé à la télévision qui captivait l’attention de tout le pays. Chez nous, toute la famille regardait un épisode de ce fameux feuilleton lorsque nous avons entendu un bruit étrange. Nous avons tous couru dans la maison. J’ai regardé par la fenêtre et j’ai remarqué qu’il y avait énormément de poussière blanche dans les rues. Je n’avais pas compris ce qui se passait, mais les grands de la famille nous ont rapidement forcé à nous mettre à genou afin de prier le bon dieu à chaque secousse. Le pays était dévasté, mais fort heureusement, je n’ai perdu aucun membre de ma famille. Cet évènement a resserré les liens entre nous et également entre toute la population. »

Pour revenir à des choses positives, vous semblez accorder une importance particulière à votre aîné. Quel rôle a-t-il joué dans votre parcours de vie ?

D.J.J : « Oui, c’est sans doute la personne la plus importante dans ma vie. Je pense que si j’en suis là aujourd’hui, il y est pour beaucoup. Nous étions tout le temps collés ensemble. Quand il faisait quelque chose, je faisais la même chose. S’il allait dormir, j’allais aussi au lit (rires). Mon frère, il aime trop le football. Je me souviens que, dès que nous sortions de l’école, nous rentrions déposer nos sacs et nous allions directement jouer au ballon dans la rue ou sur des terrains. »

Et c’est donc lui qui vous a permis de signer votre première licence à Haïti ?

D.J.J. : « Exactement. Un matin, il m’a réveillé et m’a proposé d’aller jouer au football. Ce jour-là, il y avait un tournoi, et il a été voir l’entraîneur de Petit-Goâve en lui disant « tiens, c’est un joueur pour toi ». Moi, j’ai toujours été une personne très timide et c’est lui qui m’a poussé à saisir ma chance. »

Et qu’ont donné vos débuts avec le club de votre village ?

D.J.J. : « Au bout d’une semaine, nous sommes partis faire un tournoi à Port-au-Prince. Là-bas, j’ai été repéré pour rejoindre une sélection et intégrer un centre de formation. Moi, je n’avais que 13 ans et ne voulais pas rester là-bas. Je voyais mes proches uniquement pendant les vacances d’été, c’était vraiment très dur à vivre. Je pleurais tous les jours car je voulais rentrer dans mon village auprès de ma famille et jouer au football avec mon frère et mes copains. À ce moment-là, je n'avais pas conscience qu’on pouvait vivre du football. »

Finalement, vous réussissez à vous faire votre trou à Port-au-Prince puisque vous quittez le centre de formation pour Don Bosco …

D.J.J. : « Oui, effectivement. Je rejoins Don Bosco à 16 ans et j’y reste quatre saisons. À ce moment-là, c’est une fierté pour moi car c’est le club référence au pays. »

Puis vient alors le saut vers le continent européen. Comment se déroule-t-il ?

D.J.J. : « J’ai été appelé à rejoindre la sélection U23 lors d’un stage au Mexique. J’ai eu de la chance car les premiers matches étaient compliquées. Finalement, je pense que j’ai fait de bonnes choses lors de la troisième rencontre puisqu’à ce moment-là, j’ai un agent qui m’a contacté et il m’a rapidement trouvé un point de chute en France. C’était un moment que j’attendais depuis longtemps. C’était mon rêve de devenir footballeur professionnel. »

Pour finir, une question nous taraude : savez-vous pourquoi les patronymes ont l’habitude d’être inversés en Haïti ? 

D.J.J. : « Franchement, j’en ai aucune idée (rires). »

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