Si vous remportez le championnat vous participerez à la Ligue des champions de la CAF. Pensez-vous déjà à cette éventualité ?
O. P : « Oui, c'est mon travail de manager. Nous avons anticipé la possibilité de participer à cette compétition mais en gardant nos valeurs. Il ne faut pas oublier que nous sommes là pour former des jeunes joueurs et je ne vais pas recruter des joueurs de 25 ans simplement parce que l'on dispute cette grande compétition. Pour l'instant, on ne vas pas brûler les étapes et on va déjà tout mettre en œuvre pour être champions ».
A long terme, serait-ce un rêve de la remporter ?
O. P : « Beaucoup de clubs qui y participent ont un budget de plusieurs millions. Si on prend une équipe comme l'AC Horoya qui évolue en Guinée, c'est du niveau d'une équipe de Ligue 2 française. Ils ont investi sur un entraîneur en prenant Victor Zvunka qui a une grosse expérience en France, ils ne se contentent pas non plus de recruter uniquement des joueurs en Guinée... C'est un autre monde ! Cela fait dix ans que toutes les équipes championnes du Sénégal n'ont pas passé le premier tour préliminaire. Notre objectif sera d'avoir une équipe compétitive. Je pense que nous ne sommes pas loin de certaines formations mais le tirage au sort joue aussi un rôle prépondérant. Pouvoir disputer les phases de poules serait un énorme enrichissement pour les joueurs ».
Durant le championnat du Sénégal, vous avez du faire face à plusieurs départs de joueurs pour les différentes sélections. Comment fait-on pour gérer ces absences surtout lorsque l'effectif est très jeune comme le votre ?
Olivier Perrin : « Si on prend l'exemple d'Ibrahima Niane, notre meilleur buteur, il n'a disputé que la moitié des rencontres avec nous à cause des rencontres internationales. On doit s'adapter en utilisant des joueurs du centre de formation, on travaille avec deux ou trois générations. Chaque début de semaine, tous les joueurs qui n'ont pas été titulaires le week-end, plus les jeunes, disputent un match amical contre des équipes seniors de Ligue 1 ou Ligue 2 pour garder le rythme et progresser. De cette façon, lorsque je fais appel à un joueur qui n'a pas eu beaucoup de temps de jeu, je sais qu'il répondra présent. Amadou Dia Ndiaye qui est né en 2000 en est la parfaite illustration. Il a disputé 8 matches pour pallier l'absence d'Ibrahima Niane et a inscrit 6 buts. C'est aussi l'objectif du centre de promouvoir des jeunes joueurs ».
Depuis votre arrivée à l'académie il y a quatre ans, l'équipe n'a cessé de gravir les échelons jusqu'à être leader de la Ligue 1 sénégalaise aujourd'hui. Est-ce une fierté ?
O. P : « Quand on part de la Nationale 2 et qu'on arrive à faire une montée par an, à remporter deux titres de champion, une Coupe du Sénégal et maintenant à être dans la course pour la victoire en championnat, c'est difficile de faire mieux. Après, quand tu passes des caps aussi rapidement au niveau sportif, le plus dur reste de faire grandir le club à la même vitesse afin qu'il soit structuré pour jouer le haut-niveau. On y travaille mais pour l'instant nous n'avons pas les structures d'un club qui va jouer la Ligue des champions de la CAF ».
Formé à Génération Foot, Ismaïla Sarr a explosé sous le maillot du FC Metz pour sa première saison en France. Vous attendiez-vous à ce qu'il réalise de telles performances ?
O. P : « Très honnêtement, oui. On ne peut jamais être sûr à 100% car il y a pleins de facteurs extérieurs qui entrent en jeu. Cependant, je me doutais qu'avec sa qualité de vitesse et de percussion balle au pied il serait vite reconnu comme un joueur talentueux. Ce n'était pas possible autrement. Nous avons aussi fait attention à ce qu'il soit dans de bonnes conditions en le faisant venir très tôt avant la reprise du groupe professionnel. Avant, les joueurs qui arrivaient de Génération Foot à Metz étaient incapables de jouer immédiatement en équipe première. C'est le premier à pouvoir le faire parce qu'il était prêt au niveau des charges d'entraînement, du vocabulaire tactique, de l'hygiène de vie... C'est le but de notre académie ».
Ce sont principalement des joueurs offensifs (Ismaïla Sarr, Sadio Mané, Diafra Sakho...) qui sortent de Génération Foot. Comment l'expliquez-vous ?
O. P : « Il existe plusieurs raisons. La première vient du fait que les recruteurs pour Génération Foot se concentrent principalement sur les joueurs offensifs. J'insiste aussi pour trouver des joueurs offensifs car dès qu'ils explosent ils sont tellement demandés que c'est impossible de les garder, il faut donc pouvoir les remplacer. Maintenant, nous possédons quand même des bons milieux et des bons défenseurs, il n'y a pas de soucis ».
(Crédit photo : Vosges Matin)