« Nous avons été au Champagne, désormais nous serons à l'eau. » En prononçant cette petite phrase sur le ton de l'humour samedi dernier à l'issue de la démonstration des Grenats face à Reims à Saint-Symphorien (3-0), Albert Cartier ne pensait certainement pas si bien dire. Car la très belle série messine de l'automne en Ligue 1, quatre victoires en cinq matches, s'est terminée ce samedi soir à Annecy face à Evian Thonon Gaillard. Logiquement : avec trois buts encaissés en moins d'une demi-heure, la dernière, l'affaire fut rondement menée par leurs hôtes.
Un peu émoussés, les hommes du Président Serin ont montré en Haute-Savoie un visage que les supporters de Saint-Symphorien n'ont pas l'habitude de voir et démontrent que s'ils semblent avoir trouvé la bonne recette à domicile, ils doivent encore progresser en terres adverses où ils ont encaissé trois défaites en cinq rencontres depuis le début de la saison.
Loin de son chaleureux public, l'équipe lorraine a semblé quelque peu perdue. En première période, les Grenats ont souvent laissé le ballon à leur adversaire, mais se sont procuré trois belles occasions en contres. Falcon a d'abord placé un tir à ras-de-terre non cadré (6°) avant de voir sa seconde tentative repoussée par Jesper Hansen (40°), puis ce fut Florent Malouda qui aurait pu mettre ses coéquipiers sur les bons rails mais sa première reprise termina sa course dans les bras du gardien danois de l'ETG (34°) et il fut trop court pour reprendre la frappe repoussée de l'attaquant vénézuélien (40°). De leur côté, les Locaux ne faisaient rien non plus pour enflammer leur public, et leurs pâles offensives étaient toujours stoppées au bon moment par l'un de leurs visiteurs, Choplin sur un centre de Barbosa (21°), Milan sur un centre d'Abdallah (33°) ou encore Kashi en pleine surface devant Wass (36°).
Durant le second acte, les Messins ont d'abord affiché une certaine solidité avant de prendre l'eau dans la dernière demi-heure et de donner le bâton aux Evianais pour leur infliger une sévère correction. Un coup de semonce a d'abord été sonné par Sabaly, dont le centre en retrait était parfaitement lu par Anthony M'Fa (50°). Malouda répondait par une déviation astucieuse au premier poteau à la suite du premier corner de la rencontre obtenu par les siens, mais le ballon était dégagé en catastrophe par les Roses (64°). C'était la dernière salve grenat, car la dernière demi-heure était entièrement à mettre à l'actif d'une équipe d'Evian Thonon Gaillard transcendée et méconnaissable par rapport à son début de saison : elle vient d'aligner trois victoires d'affilée après avoir dû attendre la sixième journée pour décrocher son premier succès.
Ce fut d'abord un coup-franc malicieusement joué en deux temps par Cédric Barbosa qui finissait avec un bon poil de chance au fond des filets d'Anthony M'Fa après avoir été contré par le malheureux Cheick Doukouré, tout juste entré en jeu (1-0, 62°). Ce fut ensuite un penalty obtenu par Sougou sur une faute du portier lorrain, converti par le chouchou du public, Daniel Wass (2-0, 74°). Le calice, dont on ne sait de quel breuvage il était rempli, était en tous les cas bu jusqu'à la lie par les Messins : le Belge Gianni Bruno exécutait quelques minutes plus tard un festival dans son couloir droit et concluait son action et le match des siens par un douloureux troisième but (3-0, 80°).
Peu habitué jusqu'ici à festoyer ainsi, le public du Parc des Sports d'Annecy entonnait un chant devenu célèbre depuis une finale de Coupe du Monde 1998, après avoir déjà lancé une ola au bout d'un but seulement. Corrigés par une équipe contre laquelle ils lutteront certainement jusqu'en fin de saison pour ne pas terminer dans les eaux troubles de la zone de relégation, les joueurs d'Albert Cartier ont désormais deux semaines, trêve internationale oblige, pour se remettre de cette douche un peu froide.