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Jeunechamps, parcours d’un passionné

Entraîneur adjoint du club grenat depuis trois ans, José Jeunechamps n’a pas une carrière classique dans le monde du football. Retour sur le parcours atypique du technicien belge, bourreau de travail et véritable passionnée de ballon rond.
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Arrivé sur les bords de la Moselle sur la pointe des pieds au cours de l’été 2012, alors que le club grenat s’apprêtait à vivre la première saison de son histoire dans le Championnat National, José Jeunechamps s’est depuis parfaitement adapté à ses nouvelles fonctions, son nouveau club et son nouveau pays.

Débarqué en Lorraine en provenance du Standard de Liège, l’entraîneur adjoint du Football Club de Metz a tout sauf un parcours typique dans le milieu du ballon rond. Pour se faire un nom et vivre du football, le Belge a pu uniquement compter sur sa passion sans borne, son travail acharné et surtout sa patience.

Car si la plupart des fins techniciens ont eu l’occasion de goûter aux joies d’une carrière professionnelle avant d’enfiler leur costume d’entraîneur, José Jeunechamps n’a pas percé en tant que joueur. « J’ai tout fait pour être footballeur professionnel mais simplement je n’avais pas les qualités, analyse lucidement cet ancien gardien de but. Je n’avais pas forcément la taille non plus. »

Il s'enlève des points de suture pour jouer un match !

Pourtant, très jeune déjà, et alors qu’aucun autre membre de sa famille ne se passionne spécialement pour ce sport, ni ses parents, ni ses cinq frères et sœur, il développe rapidement un intérêt particulier pour le football. « Lorsque j’étais petit, pour me faire plaisir il suffisait de m’offrir un ballon ou un maillot de foot. Je ne sais pas d’où cette passion m’est venue mais j’ai toujours aimé ça. J’avais toujours un ballon avec moi, sur mon vélo par exemple ou même lorsque j’allais à l’école. »

Rapidement licencié dans le club le plus proche de son village, il se prédestine pour le poste de gardien de but. « J’ai très vite su que je voulais jouer à ce poste. Je ne ratais jamais un entraînement, j’allais même m’entraîner avec deux ou trois autres catégories. Comme mon club était situé à huit kilomètres de chez moi, j’y allais en bus, en vélo ou parfois je dormais chez des amis pour être certain d’être sur place, mais je trouvais toujours une solution. » Jamais rassasié, le jeune Belge trouvait alors par tous les moyens d’autres voies pour pratiquer sa passion avec toujours une grande volonté de progresser et de percer un jour dans le football.  « Lorsque j’étais un peu plus âgé, j’allais aussi dans une école de gardiens de but, j’allais là-bas en moto les lundis car je n’avais pas entraînement avec mon club.  »

Cette passion dévorante le poussera même à réaliser quelques actes inconscients, comme cette fois où, âgé de douze ans seulement, il s’est ôté seul quinze points de suture pour pouvoir jouer son match de football le dimanche. « Mon médecin n’avait pas pu me les enlever et mon père ne voulait pas me laisser jouer tant que j’avais les points de suture. Donc, en rentrant  chez moi, j’ai pris le découd-vite de ma mère, de l’éther et des ciseaux, je les ai enlevés et j’ai joué mon match le dimanche. » Et (le pire) c’est que les anecdotes de ce type ne manquent pas lorsque l’on échange avec l’adjoint d’Albert Cartier !

Avec un esprit tourné à 100% vers le football, José Jeunechamps inquiète parfois ses parents car le ballon rond préoccupe davantage le jeune homme que ses études. « J’ai un peu négligé l’école avec tout cela, je n’ai jamais redoublé car j’avais des facilités mais je n’ai pas fait les études que l’on était en droit d’attendre de moi. Le football c’était ma voie, je l’ai toujours senti. » Et le Belge avait finalement un bon pressentiment, même s’il a dû patienter… quarante ans avant de pouvoir vivre de sa passion.

Entraîneur des seniors pour commencer

Après un parcours de gardien honorable, jusqu’en troisième division Outre-quiévrain,  José fut contraint de raccrocher les crampons après une ultime blessure. Au cours de l’année 2000, il se fit opérer du tendon d’Achille, puis subit deux autres interventions plus tard suite à de complications. Après un an sans travailler, dont dix mois d’incapacité totale, et la bagatelle de cent-soixante-cinq séances de kinésithérapie, le gardien troquait finalement ses gants de gardien contre la tunique d’entraîneur.

« J’ai entraîné des petits clubs pour commencer, mais tout de suite avec des équipes composées d’adultes. Et puis je me suis retrouvé à Seraing car j’en avais assez du niveau provincial. En amateur, j’étais toujours en conflit car j’étais toujours face à des gens moins motivés que moi. » Entraîneur adjoint en troisième division belge, le coach se plaît finalement dans son nouveau club et reprend même les rênes de l’équipe une fois l’entraîneur principal limogé après six mois de compétition. Deux ans et demi plus tard, quelques jours seulement après la fin de sa collaboration avec Seraing, il était appelé par le Standard de Liège, et plus particulièrement par un certain Dominique D’Onofrio.

Dans l’un des clubs phares de Belgique, José se voit proposer la responsabilité des U19. « C’était compliqué mentalement, se souvient le technicien. Tu passes d’entraîneur en troisième division à entraîneur de jeunes. A Seraing, il y avait une certaine effervescence, un public et une certaine médiatisation, alors qu’en U19 il y avait quinze personnes qui assistaient au match et c’étaient uniquement les parents des jeunes. La pression est différente, voire absente, alors que moi j’aime quand il y en a une justement. » Perdu à ses débuts chez les Diables Rouges, il s’adapte finalement rapidement à son nouveau défi, bien aidé par une superbe génération composée de garçons particulièrement doués tels qu’Eliaquim Mangala ou Mehdi Carcela. Il finira Champion de Belgique avec dix-huit unités d’avance.

Entraîneur au Standard, mais carrossier à temps plein

Fort de cette première saison réussie haut-la-main, l’entraîneur du club grenat passe alors un cap et prend la tête de l’équipe réserve la saison suivante. « J’ai alors compris pourquoi j’étais là : j’apprenais mon métier. A Seraing, j’étais un bon entraîneur amateur, mais à Liège j’apprenais à devenir un professionnel. Je n’ai pas connu le monde professionnel en tant que joueur, et même si l’on croit toujours le connaître, on ne le connaît pas vraiment tant que l’on n’est pas dedans. J’ai eu la chance d’apprendre le métier à côté de gens fabuleux. » Mais à cette période, l’entraîneur ne vit toujours pas de sa passion.

Carrossier de formation, José Jeunechamps cumule trente-neuf heures hebdomadaires chez son employeur et son activité d’entraîneur, soit la préparation et la tenue de sept à huit entraînements chaque semaine ainsi que le match du week-end. « J’ai été élevé à la dure et mes parents m’ont inculqué certaines valeurs comme le travail. Cette période n’a pas toujours facile pour moi, ni même pour mon entourage, mais heureusement que mon ancien patron, un ami d’enfance, me laissait adapter mes horaires et que ma femme et mes enfants ont toujours été un soutien pour moi. » Finalement, conscient que cette situation n’était plus viable trop longtemps, le Standard de Liège lui propose un contrat à plein temps, ce qui n’avait encore jamais été mis en place pour un entraîneur de jeunes dans ce club.

Malgré cette preuve de reconnaissance évidente, les choses ne vont pas assez vite pour celui qui se décrit lui-même comme un impatient. Malgré son contrat à durée indéterminée, José Jeunechamps casse son contrat avec le club belge lorsque les propositions du nouveau directeur sportif ne lui conviennent plus. Alors qu’il étudie une proposition provenant d’Arabie Saoudite depuis quelques jours, en plein bricolage sur son toit, il reçoit un coup de téléphone de Dominique D’Onofrio pour lui annoncer qu’Albert Cartier, de retour en Lorraine, souhaite le rencontrer. Ni une, ni deux, l’entraîneur belge grimpe dans sa voiture et file à Metz. La suite, inutile de vous la conter.  

"J'ai besoin de me donner à fond pour prendre du plaisir dans mon métier"

Depuis trois saisons maintenant, le tout dans trois divisions différentes, José Jeunechamps officie désormais aux côtés d’Albert Cartier. Ce bourreau de travail qui savoure chaque jour sa chance de vivre de sa passion a la particularité de ne pas compter ses heures et de s’investir énormément. « J’ai appris aux côtés d’entraîneurs qui étaient capables de passer une journée entière à préparer un seul entraînement, justifie le coach adjoint. Ce sont des choses que j’ai vues, que j’ai été habitué à vivre. Je ne vois pas le métier autrement que comme cela, c’est le haut niveau donc il faut laisser le moins de place possible au hasard. »

En parfait équilibre avec le staff technique, et notamment Albert Cartier, l’entraîneur belge se satisfait pleinement de ses fonctions actuelles au Football Club de Metz. « Devenir entraîneur principal n’est pas une obsession chez moi ; mon but, c’est de rester dans le football et d’en vivre le plus longtemps possible. L’important est de prendre du plaisir, de faire ce que j’aime avec des gens qui me permettent  de faire mon rôle d’adjoint comme je l’entends c’est-à-dire en m’investissant beaucoup, et c’est le cas avec Albert. Il me consulte suffisamment pour que je prenne mon plaisir et tant que les choses se passent comme cela, ça me va ! » Pourvu que cela dure !

 

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