C’est fait. Depuis vendredi 11 avril et un coup de fil reçu de la Direction Technique Nationale de la Fédération Française de Football, Sébastien Muet fait désormais partie de la confrérie des titulaires du « Brevet d’Entraîneur Formateur de Football », la plus haute distinction nationale en matière d’éducateur des équipes de jeunes, et dont seuls les détenteurs sont autorisés à diriger un centre de formation en France. Un aboutissement, ou plutôt une étape supplémentaire de franchie dans la carrière de ce jeune éducateur, arrivé au FC Metz en 1998 après y avoir évolué quatre ans comme jeune joueur stagiaire professionnel et avoir goûté au football de haut niveau en National de 1996 à 1998. Témoignage.
Sébastien, vous êtes désormais diplômé et titulaire du Brevet d’Entraîneur Formateur de Football (BEFF). Plus tôt que prévu, non ?
Sébastien Muet : Effectivement, le jury final était initialement prévu le 13 mai mais il a été avancé au 11 avril. Vendredi dernier, j’ai donc reçu un appel téléphonique de la Direction Technique Nationale, qui m’a appris que j’avais validé mes trois modules et que j’étais désormais titulaire du BEFF, l’ancien « Formateur »*.
En quoi consistent ces trois modules que vous avez validés ?
SM : L’un avait trait aux « méthodes pédagogiques », l’autre à « l’acceptation psychologique et à la préparation mentale », le dernier enfin à la « connaissance et au perfectionnement du jeu ».
Un vaste programme… que vous avez commencé à suivre il y a combien de temps ?
SM : Cela fait deux ans que je suis engagé dans ce diplôme, depuis septembre 2012 exactement. Après avoir réussi deux épreuves éliminatoires, j’ai pu intégrer la formation diplômante à Clairefontaine. Sur 500 dossiers de candidatures au départ, 50 avaient été reçus en entretien à Clairefontaine et 23 seulement ont pu suivre in fine le cycle de formation.
J’imagine que cette formation a dû vous demander quelques sacrifices personnels et aménagements d’horaires ?
SM : Au total, la formation demande huit semaines de présence à Clairefontaine sur les deux années, mais elle exige également en parallèle énormément de travail personnel de recherche et d’analyse. Il est sûr que cela m’a demandé des sacrifices… ils ont valu le coup ! Au niveau national, il n’y a rien de mieux comme diplôme pour la formation et le BEFF est également reconnu sur le plan européen.
Avez-vous vécu cette formation comme un passage obligé à franchir pour avancer dans votre carrière ou comme un enrichissement personnel et professionnel ?
SM : Je choisis la deuxième option, assurément. Les organisateurs de la formation ont su trouver le juste milieu parfait entre formation théorique et échanges pratiques. La proximité entre l’équipe formatrice et les différents stagiaires a été appréciable et nous a permis à tous d’en apprendre beaucoup sur les thèmes abordés ainsi que sur notre manière de travailler et d’appréhender la formation en général. Je me suis vraiment éclaté au cours de ces deux années !
Quel a été votre parcours d’entraîneur depuis votre arrivée en tant qu’éducateur du FC Metz, en 1998 ?
SM : Quand je suis arrivé au FC Metz il y a seize ans comme éducateur, je n’avais aucun diplôme d’éducateur ! J’ai dû gravir tous les échelons un par un, depuis le diplôme d’animateur de football et d’initiateur 1 jusqu’à celui de formateur aujourd’hui, ce qui fait huit diplômes au total (Sébastien Muet ne s’en vantera pas mais il les a tous réussis du premier coup, ndlr).
Le choix pour un entraîneur de football de se consacrer à la voie de la formation plutôt qu’à l’entraînement d’équipes seniors a-t-il été difficile à effectuer en ce qui vous concerne ?
SM : Ce choix doit s’effectuer après l’obtention du Diplôme d’Entraîneur de Football puisque c’est à ce moment-là que le chemin de l’entraîneur se partage en deux voies distinctes, notamment au niveau des diplômes. Pour moi, cela a été une évidence, je n’ai jamais hésité entre les deux routes. C’est une vocation et c’est une philosophie qui correspond à ce que je suis réellement. Entraîneur formateur et entraîneur d’une équipe seniors, ce sont deux façons de travailler différentes, deux métiers à part. Et pour le moment, la formation est ma priorité.
Que vous a apporté la formation du BEFF ?
SM : Elle m’a véritablement apporté deux choses essentielles. La première, c’est de pouvoir maintenant poser des mots précis sur ce que je faisais depuis longtemps, de mieux organiser, structurer et hiérarchiser mon activité quotidienne. La deuxième, c’est qu’il est évident aujourd’hui que le football et le jeu évoluent constamment : si on veut être le plus proche possible d’une certaine vérité du jeu, il faut sans cesse faire évoluer sa propre façon d’entraîner et la formation m’a inculqué des méthodes de travail spécifiques qui permettent cela, dans le but ultime de permettre aux jeunes joueurs d’automatiser au maximum leurs prises de décision en match. Il faut les habituer à maîtriser le plus possible toutes les incertitudes d’une rencontre et leur donner une capacité à apporter le plus vite une réponse aux problématiques posées par le jeu.
Qu’apporte ce nouveau** diplôme d’entraîneur formateur au centre de formation du FC Metz ?
SM : Ce diplôme souligne avant tout à quel point la collaboration entre entraîneurs d’un même club peut s’avérer importante. Si j’ai obtenu ce diplôme aujourd’hui, c’est parce que j’ai pu m’appuyer sur des collaborateurs et des dirigeants qui ont montré à mon égard une entraide et une solidarité de qualité. J’ai également eu la chance de pouvoir échanger constamment avec les autres entraîneurs, de la formation jusqu’à ceux de notre équipe professionnelle, et cela a pu faire évoluer nos points de vue. Il est indispensable dans notre métier de se remettre constamment en question. Dans le cadre de mon diplôme, je me suis posé certains questionnements que j’ai partagés avec les autres éducateurs du FC Metz, et je pense qu’ensemble nous avons trouvé des billes pour faire avancer nos joueurs.
Un petit mot de l’expert que vous êtes sur le parcours des équipes du centre de formation cette saison : est-il satisfaisant ?
SM : Pleinement. Les résultats collectifs de nos équipes sont très positifs, puisqu’à trois journées de la fin nous sommes encore en course dans toutes les catégories principales pour essayer de gagner un titre de champion. Notre équipe professionnelle est une vraie et appréciable locomotive, qui tire tous les wagons de la formation dans le bon sens. Attention toutefois à ne pas placer les résultats collectifs trop en avant dans la hiérarchie des priorités au centre de formation, car notre préoccupation majeure est et doit rester la progression individuelle des joueurs et leur réussite scolaire. Les projets collectifs doivent simplement être au service des projets individuels, et c’est le cas chez nous, au FC Metz.
*La Direction Technique Nationale de la Fédération Française de Football a refondu l’ensemble de ses diplômes au cours de la saison 2013-2014.
**Olivier Perrin et José Pinot sont actuellement détenteurs du diplôme d’entraîneur formateur pour le centre de formation du FC Metz.