Après six ans d’attente, et un bon mois d’effervescence autour du match, le derby lorrain était de retour en Moselle mardi soir. Pour l’occasion, toutes les places disponibles dans les travées de l’antre messin avaient trouvé preneurs déjà une semaine avant la rencontre. Autant dire que dans les tribunes de Saint-Symphorien, c’est une ambiance des grands soirs qu'ont vécu, et créé, les 23 506 spectateurs présents. Chants entonnés par tout le public, tifo géant dans tout le stade, encouragements jusqu’au coup de sifflet final et même une ola ont ainsi animé les tribunes.
Mardi soir, les spectateurs qui s’étaient procurés un billet pour assister au derby n’eurent aucune occasion de le regretter, pour l'ambiance certes, mais également pour le spectacle sur la pelouse ! En effet, les Messins donnaient le ton dès l’entame du match en ouvrant rapidement le score. Puis, tout au long de la partie, les Grenats sont restés fidèles à leurs valeurs et n’ont jamais cessé de faire preuve d’envie, constamment poussés par leur public. C’est ainsi logiquement qu’ils ont été récompensés par un deuxième but, puis un troisième ! Difficile d'espérer meilleur scénario dans un derby !
Pourtant, cette rencontre a bien failli ne pas avoir lieu. Les débats à peine entamés, les Locaux bénéficiaient d’un corner juste devant la tribune réservée aux visiteurs. Cible de jets de projectiles et de pétards, Kévin Lejeune était dans l’incapacité de le tirer. Monsieur Millot renvoyait alors les vingt-deux acteurs de la partie et ses assistants aux vestiaires le temps de calmer les esprits. Après un rappel à l’ordre par le speaker et dix longues minutes d’attente, le match pouvait enfin débuter, et de quelle manière !
Les Mosellans se chargeaient enfin du coup-de-pied de coin, qu’ils n’avaient pu eu le loisir de concrétiser dans le calme, et donnaient rapidement le ton : Kévin Lejeune trouvait la tête de Diafra Sakho au deuxième poteau mais l’attaquant franco-sénégalais manquait le cadre (3°). Dans la foulée, les Messins obtenaient un coup-franc idéalement situé, Kévin Lejeune, dont la réputation d’excellent tireur de coups-de-pied arrêtés n’est plus à faire, s’en chargeait et servait Nicolas Fauvergue, dont la tête était dégagée sur le poteau par un défenseur nancéien, mais ce fut finalement Yeni Ngbakoto qui, tel un renard des surfaces, poussait de la tête le ballon au fond des filets (1-0, 6°). Le plus dur était fait !
Confiants au vu du scénario du match, les joueurs d’Albert Cartier imposaient alors un fort pressing à leur adversaire, visiblement lui sonné par la tournure que prenaient les évènements. A force d’insister, les Grenats doublaient même la mise mais le corps arbitral était contraint de refuser le but car le ballon était sorti durant l’action (14°).
Poussés par un public jamais avare d’encouragements, les Messins s’efforçaient alors de doubler la mise le plus rapidement possible pour se mettre davantage à l’abri. Si certaines tentatives n’étaient pas assez tranchantes pour accrocher le cadre (17°, 20°), d’autres étaient bien plus dangereuses, à l’image de l’occasion que se procurait Nicolas Fauvergue. Le numéro 27 du club grenat croisait parfaitement sa frappe lorsqu’il se retrouvait devant Paul Nardi mais le portier de l’ASNL exécutait une superbe parade et limitait ainsi la casse (26°).
Mais, ce mardi soir, ce n’était pas un match de Ligue 2 comme les autres qui se déroulait sur le rectangle vert de Saint-Symphorien. Si le football est un sport plein de surprises, bonnes ou mauvaises, les derbies ont pour habitude de réserver davantage encore de rebondissements et de retournements de situations tant les équipes sur le terrain font preuve d’engagement et d’envie. Evidemment, le derby lorrain n’a pas dérogé à la règle.
Les Nancéiens reprenaient leurs esprits et commençaient enfin à s’immiscer réellement dans la moitié de terrain messine. L’équipe entraînée par Patrick Gabriel buttait alors régulièrement sur l’arrière-garde locale, qui faisait preuve d’une grande vigilance et qui se montrait par moment sacrément efficace dans les duels mais qui concédait peut-être aussi parfois des coups-de-pied arrêtés qui auraient sans doute pu être évités. Les Nancéiens en profitaient d’ailleurs pour se créer leur occasion la plus franche à l’aide d’un coup-franc mais la tentative de Benjamin Jeannot filait au-dessus de la transversale messine (28°). Au grand soulagement de tous, la formation de Bernard Serin regagnait son vestiaire avec un but d’avance au compteur.
Comme lors de son dernier match à domicile face à Nîmes, l’équipe messine réalisait un retour aux hostilités plutôt timide. Le club au chardon ne boudait alors pas son plaisir et en profitait pour alerter Johann Carrasso qui s’illustrait avec brio pour éloigner le danger (47°, 49° puis 62°). Pendant ce temps, les Grenats éprouvaient eux des difficultés à distiller habillement la dernière passe devant le but rouge et blanc, mais, fort heureusement, les Messins ne tardaient finalement pas trop à retrouver un visage plus approprié à leurs qualités.
Ce regain de forme se traduisait notamment par plusieurs occasions franches. Par exemple, après avoir exécuté un joli numéro sur son côté droit, Romain Métanire croisait un peu trop sa frappe et frôlait le montant gauche du but adverse (58°), puis, Yeni Ngbakoto plaçait habilement un coup-franc sous la barre dévié par le gardien meurthe-et-mosellan (70°). Ce fut finalement Bouna Sarr, fraîchement entré en jeu, qui se procurait la plus belle occasion puisqu’il trouvait le poteau du but nancéien (73°). Loin d’être découragés par la malchance dont ils ont été victimes sur cette tentative, les Grenats repartaient au combat avec une envie décuplée.
Malheureux sur sa première tentative, Bouna Sarr récupérait un ballon dans l’entrejeu, filait seul au but et doublait la mise pour le camp grenat (2-0, 84°). Dans la foulée, Kwame Nsor ne lésignait pas sur les moyens pour son retour à Saint-Symphorien et crucifiait le gardien de l’AS Nancy-Lorraine (3-0, 86°) ! Le derby était plié, et surtout remporté par les Messins !
Au coup de sifflet final, les Grenats peuvent se targuer d’avoir réussi un carton plein ce soir. Ils remportent le derby lorrain, sur un score sans appel, poursuivent leur série de matches sans défaite - six au total -, sont toujours invaincus à Saint-Symphorien et profitent des contre-performances de l'ensemble de ses concurrents directs pour s’installer, seuls, dans le confortable fauteuil de dauphin du Championnat de Ligue 2 ! Sacrée soirée !