Tout était réuni pour que ce soit son jour. Alors que plusieurs membres de sa famille avaient pris place en tribune, le natif d’Essey-lès-Nancy* bénéficiait de la première titularisation de son nouvel entraîneur, sur la pelouse du voisin nancéien. Et, lors des dernières minutes d’une partie âpre et intense, il délivrait une passe décisive à destination de Vincent Bessat, qui égalisait. Mais l’évocation de ce tout premier fait d’arme en Ligue 1 ne provoque chez Rudy qu’un sourire très bref. « Je suis heureux d’avoir fait marquer, commente-t-il simplement, mais ce match était un derby et il faut les gagner. » Le compétiteur reprend vite le dessus.
Yvon Pouliquen, son coach, parle de lui comme d’un « gros potentiel à exploiter. » La carrure de colosse de son jeune espoir est un atout parmi d’autres. « Nous n’avons pas d’autre attaquant de ce profil, poursuit-il. C’est un bon point d’ancrage qui peut soulager l’équipe et lui permettre de gagner du terrain lorsqu’on est face un adversaire qui effectue un gros pressing. Rudy est très intéressant de par sa technique, son potentiel athlétique. Malheureusement, les blessures ont freiné sa progression. » Il est pour l’instant essentiellement question de cela dans la tête de l’attaquant messin.
Rudy, avec quelques jours de recul, quel regard portez-vous sur le match de Nancy ?
Rudy Gestede : « Il n’y a pas eu que de mauvaises choses, mais c’était un derby et nous avons été battus dans les dernières minutes de la rencontre. Il en résulte une très grosse frustration. Nous avons fait jeu égal avec notre adversaire malgré l’écart qui nous sépare au classement. Nous aurions pu mieux faire encore. Nous n’avons pas fait tourner le ballon comme lors de nos précédentes sorties. Leur pressing rapide et agressif nous a gêné pour développer notre jeu. C’était au final une partie équilibrée et le point du match nul aurait été mérité, bien qu’ils se soient eux aussi créé quelques bonnes occasions de buts. »
Vous attendiez-vous à figurer dans le onze de départ ?
R.G. : « Non, le coach ne m’en avait pas parlé. Certes, lors de la dernière séance d’entraînement, je faisais partie des ‘titulaires’. Mais c’était aussi le cas avant le match de Lorient et je n’avais finalement pas débuté. En fait, je l’ai appris lors de la dernière causerie. Il ne m’a pas donné d’instructions particulières, juste demandé de jouer simple et de ‘bouger’ les défenseurs. Je me suis servi de mon physique, mais je manque encore un peu de vivacité et de vitesse car je reviens seulement de blessure. Cela s’est ressenti aussi techniquement, j’ai fait des erreurs dans les contrôles, des passes un peu approximatives… »
Que représente un derby lorrain pour vous ?
R.G. : « Avant le match, je ne cessais de me dire que c’était une partie comme une autre. J’en ai joué pas mal avec les équipes de jeunes. Mais là, c’est encore différent. Lorsque j’ai vu les supporters messins venus nous soutenir, le stade quasiment rempli, j’ai compris que ce match n’avait pas la même importance qu’un autre. Cela s’est confirmé sur le terrain. Au niveau de l’agressivité, de l’envie, c’était un cran au-dessus même si les débats sont restés corrects. »
Première passe décisive, donc, en fin de match. Vous pensez au premier but ?
R.G. : Je suis heureux pour cette passe, mais la défaite a tendance à l’effacer. Mon premier but en Ligue 1, bien sûr, j’y pense à chaque match. Je n’étais pas loin contre Nancy mais Hadji s’est opposé à ma tentative. J’espère que cela arrivera le plus vite possible. Pour l’instant, je fais le maximum pour avoir un temps de jeu conséquent. Sur les dernières rencontres restant à jouer, j’espère être à chaque fois dans le groupe pour réussir à m’y faire une place. Et après, si je peux débuter le plus de matches possible… »
Comment voyez-vous l'an prochain et la très probable relégation du club en Ligue 2 ?
R.G. : « Je me dis qu’en Ligue 2, on a souvent tendance à davantage faire jouer les jeunes. De mon côté, je dois aussi faire une saison pleine, sans blessure. Ce serait bon pour moi sur le plan physique comme sur le plan technique. Et il est toujours bon d’avoir une petite expérience. Bien sûr, nous aurions préféré jouer en Ligue 1, mais ce qui est fait est fait, on ne peut pas revenir en arrière. Il faudra essayer de remonter immédiatement. Pour le moment, je ne me projette pas jusqu’à l’année prochaine. Tout cela, nous y penserons une fois cette saison terminée. »