
Frédéric, vous remplacez Cédric Daury, qui a des problèmes de santé. Comment avez-vous vécu votre ‘prise de fonction’ ?
Frédéric Zago : « Je ne me suis pas posé de question. Si je suis là, c’est pour rendre un service à un ami qui est dans la difficulté. Cédric est un mec avec qui j’ai joué, il m’a filé un coup de main dans la formation. Au moment de prendre une décision, il n’y avait pas de place pour les états d’âme. Il fallait aider le club. Que ce soient ses adjoints ou les personnes qui travaillent au centre, tous se sont mis au diapason dans le but de poursuivre le travail entrepris en attendant que le patron revienne. De mon côté, je souhaite conserver l’étiquette de responsable de la formation. Je ne suis pas entraîneur des pros. D’ailleurs, je fais les séances le matin et l’après-midi, je suis au centre. »
Cela fait quelques semaines que vous vous occupez de l’équipe première. La fonction ne vous plait pas plus que cela ?
F.Z. : « C’est un métier différent. J’ai plus l’âme d’un formateur, je préfère travailler sur la progression de l’individu. On entraîne des pros exclusivement pour la compétition. Il faut gérer les états d’âme. En ce moment, je découvre et mesure un peu plus l’ampleur de la tâche. Ce contexte procure aussi des sensations intéressantes. Je pense être capable de diriger une équipe professionnelle mais pour l’instant, je ne veux pas et surtout pas dans ces conditions. »
Ne craignez-vous pas une démobilisation, d’autant que l’équipe n’a plus rien à jouer ?
F.Z. : « C’est ce que j’ai cru la première semaine mais Cédric m’avait dit de ne pas m’inquiéter. Nous avions un match amical contre Bordeaux. Lorsqu’il n’y a pas de compétition, les mecs ont tendance à décompresser un peu. Le lundi suivant, pour préparer le match de Brest, je les ai tout de suite trouvé concernés. Les évènements que nous vivons laissent certainement des traces mais l’implication dont ils font preuve montre qu’ils se sont posés de bonnes questions. Pour ma part, le discours était clair : ‘Je ne suis pas la pour juger des joueurs, j’ai besoin d’hommes’. Je n’ai pas le recul suffisant pour vous dire comment ils vont évoluer. Mais on a tout de même de belles rencontres à jouer d’ici la fin de l’année et on possède le luxe de privilégier le jeu par rapport à l’enjeu. Je ne comprendrai pas qu’on puisse être démotivé. Si certains le sont, c’est qu’ils n’aiment pas le football. »
Quels sont vos objectifs d'ici la fin de saison ?
F.Z. : « On commence à préparer la saison prochaine en se posant la question : quels joueurs peuvent évoluer en équipe première ? On essaie de faire ressortir les valeurs humaines de chacun pour savoir sur qui on peut compter pour continue l’aventure. Pour le moment, je trouve que l’équipe réagit bien, que les joueurs sont solidaires et derrière leur entraîneur. Ensuite, il s’agit aussi de soigner notre classement final. En terme de communication, auprès de nos sponsors, on est plus crédibles si on termine 6èmes que 10èmes. Je souhaite que nous restions dans le haut du tableau, que nous nous forgions un mental afin d’être prêts demain. Je ne concevrai pas que les joueurs puissent se laisser aller. »
Qu’attendez-vous de votre déplacement à Metz ce vendredi ?
F.Z. : « Personnellement, j’ai envie de m’assoir sur le banc et de voir un bon match. Lorsqu’on regarde Metz, on sent une formation qui dégage beaucoup de sérénité. J’aimerais que nous parvenions à la mettre à mal, que nous réussissions à pousser nos adversaires dans les cordes. Nous n’avons strictement rien à perdre. Si nous sommes battus à Saint-Symphorien, nous aurons fait comme tout le monde. Je pense que nous avons les moyens de mettre le leader en difficulté, d’empiéter un peu sur sa confiance. Je viens pour jouer et on va jouer, tout en restant solide et respectueux du statut de Metz. Je serai très déçu si à la fin de la partie, on se disait ‘mince, on aurait peut-être pu…’ »
Qu’a-t-il manqué à Châteauroux pour prendre part à la lutte pour la montée ?
F.Z. : « A vrai dire, je n’en sais rien, ce n’est pas à moi de le dire. Ce sont plutôt aux dirigeants et à Cédric de se poser la question. Nous avons eu de bonnes et de mauvaises périodes, il nous a manqué de la régularité. Par moment, nous n’avons pas su provoquer la réussite. Nous faisons en fonction de nos moyens. La force du club est de savoir garder les pieds sur terre, nous ne brulons pas les étapes. Il n’y a pas si longtemps, nous étions montés en première division mais nous n’avions peut-être pas les structures nécessaires pour y rester. Aujourd’hui, nous avons un Centre de Formation, je crois que nous sommes beaucoup plus au point. L’an prochain, on peut être 5èmes, puis l’année d’après 4èmes… puis 3èmes, qui sait ? »