
Si l’on cumule son palmarès de joueur et celui d’entraîneur, on arrive vite à des chiffres impressionnants. Entre l’attaquant prolifique de Benfica et l’énigmatique moustachu du banc de touche, Artur Jorge a raflé pas moins de dix titres nationaux (Portugal 8, France 1, Arabie Saoudite 1), 5 coupes nationales auxquelles on peut ajouter deux ‘supercoupes’ (Portugal, Russie) et une Ligue des Champions (avec Porto en 1987).
Ses deux titres de meilleur buteur du championnat portugais en poche, il a ensuite dirigé des formations diverses et variées. En vrac : le Matra Racing, Guimaraes, le FC Porto, Vitesse Arnhem, Al-Nasr (Arabie Saoudite), le Paris SG, les équipes nationales du Cameroun, de la Suisse, du Portugal. Et Créteil donc, depuis le mois d’octobre, avec qui il essaie de se maintenir en Ligue 2. Vendredi, c’est le leader messin qui se dresse sur sa route.
Artur, on vous associe souvent aux belles années du Paris SG. Que vous inspire la mauvaise passe actuelle que traverse le club ?
Artur Jorge : « C’est difficile de répondre à une telle question. Comme vous dites, le PSG est dans une position délicate. Il ne s’y attendait sans doute pas. Mais le football est fait comme cela. Parfois, les choses se passent mal. Cette année est une année noire pour Paris, c’est tout. »
Après les succès que vous avez connus en tant que joueur et entraîneur, est-ce difficile pour vous de vous plonger dans la Ligue 2 ?
A.J. : « Je crois qu’un entraîneur ne fonctionne pas différemment selon qu’il est en première ou en deuxième division. Nous essayons juste d’aider un petit peu les joueurs à gagner les matches. A quelque étage que ce soit, le rôle est globalement le même. Il arrive qu’on y parvienne et qu’on y parvienne. Il ne faut pas oublier que la valeur de l’équipe entre aussi en ligne de compte. »
Votre travail quotidien a-t-il changé du fait que vous entraînez une équipe de L2 ?
A.J. : « On pourrait dire beaucoup de choses à ce propos, il y a plusieurs paramètres qui entrent en jeu. Pour bâtir une équipe, il faut parfois du temps. A contrario, certaines marchent bien dès le départ et elles gagnent. Que ce soit moi ou un autre entraîneur ne changerait rien. Après, au cours d’une saison, il y a toujours des phases où cela va moins bien. On doit gérer les blessures, les suspensions, les baisses de moral dues aux mauvais résultats. C’est pareil en 1ère comme en 3ème ou 4ème division. »
C’est votre première saison en Ligue 2. Comment jugez-vous ce championnat ?
A.J. : « Bien sûr, ce n’est pas comme la première division mais il y a tout de même des formations intéressantes. C’est encore un bonne compétition. Il n’y a pas beaucoup de spectateurs et ce n’est pas seulement le cas à Créteil. Mais je sais aussi que dans les confrontations contre les grosses équipes, le public répond présent. C’est ça le plus important. »
La forte connotation portugaise du club a-t-elle joué dans votre choix de le rejoindre, au mois d’octobre dernier ?
A.J. : « Tout à fait, le président de Créteil Armand Lopes est une personne que je connais depuis longtemps et que j’aime beaucoup. Il y a eu quelques difficultés pour concrétiser ma venue mais finalement, j’ai choisi de donner un coup de main au club. Pendant deux mois, nous avons réalisé de belles choses, gagné des matches. Puis, c’est devenu plus difficile. Maintenant, je pense que nous sommes dans une situation très compromise. Il faut se battre comme toute équipe qui est en queue de peloton. Cela ne sert à rien d’essayer de pratiquer du grand football. Il faut être capable d’aller au combat et avec un peu de réussite on peut gagner des matches. »
Vous n’avez plus gagné depuis le mois de décembre. Que vous faut-il pour enrayer cette spirale négative ?
A.J. : « Il nous faut remporter une victoire, tout simplement. Tout se joue dans la tête des joueurs. Lorsqu’on ne gagne, on est pas heureux. Notre priorité, c’est retrouver la joie du succès au plus vite. Cela viendra prochainement, j’y crois. »
Vous recevez le leader messin ce vendredi. Cette rencontre a-t-elle fait l’objet d’une préparation particulière ?
A.J. : « Non, nous avons procédé comme d’habitude. Les personnes qui travaillent avec moi connaissent mieux le football français que moi. Nous avons recueilli quelques informations sur le jeu de notre adversaire, nous avons vu quelques vidéos. Ensuite, nous avons fait de bonnes séances entraînement. Je crois que tout cela peut donner quelque chose. Mais en définitive, vous savez, ce sont toujours les joueurs qui gagnent les matches. Il faut qu’ils fassent le maximum. Et que nous ayons un peu de réussite, cela aide un petit peu, tout de même. »
Quel regard portez-vous sur le Football Club de Metz ?
A.J. : « C’est un très bon club avec un très bon président, cela ne date pas d’aujourd’hui. Il y a souvent eu de belles équipes à Metz. Leur objectif est de monter cette saison et ils répondent présents depuis le début de l’année. Nous espérons faire un très bon résultat contre eux bien qu’il s’agisse d’une équipe en lice pour la montée. Je crois d’ailleurs que les Messins ont raison de penser qu’ils vont accéder à la première division. »
Pour finir, une question qui n’a rien à voir avec le football. Pourquoi donc avez-vous rasé votre légendaire moustache ?
A.J. : « (rires) Il n’y a pas de raison particulière. Je l’ai portée pendant très longtemps, vous savez. De temps en temps, il faut faire les choses sans raison. Je me suis souvent dit que j’allais la raser, cette fois je l’ai fait. »
Il n’y a pas un peu de superstition là dedans ?
A.J. : « Non pas du tout ! »