Metz - Clermont, je réserve ma place

« Comme un poisson dans l’eau »

Successeur d’Olivier Perrin à la tête des 16 ans du FCMetz, Jean-Robert Faucher a rapidement pris ses marques au Centre. Entretien avant sa véritable rentrée des classes : le dimanche 10 septembre, date de la première journée de championnat.
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A 43 ans, Jean-Robert Faucher a déjà bien roulé sa bosse
dans le monde du ballon rond. Après avoir grandi dans le contexte exigeant
de l’INF Vichy, Jean-Robert le joueur signe à Laval, alors en pleine
réussite. L’euphorie ambiante contraste avec la dureté de
ses années de formation où il se rappelle avoir subi des séances
extrêmes. « L’INF, à l’époque, était
un peu le point de chute des ‘laissés pour compte’. On pouvait
te dire ‘si tu ne marques pas deux buts ce week-end, tu fais tes affaires
lundi, des comme toi on en a d’autres’. Il y avait deux entraînements
tous les jours, je me rappelle de séances avec des gilets de plomb de
18 kilos. C’est en arrivant à Vichy que j’ai compris ce qu’était
être professionnel. »
Sur le banc lors de l’épopée
lavalloise en Coupe d’Europe, il participe à une cinquantaine de
rencontres avant d’être prêté à Thonon, alors
en D2. Pour du beurre, puisqu’une blessure l’éloigne des
terrains toute la saison. Nouveau prêt à Istres, carton, 15 buts
dans l’année, et Faucher refait une pige d’un an à
Laval avant de prendre la direction de Dunkerque. « J’étais
un joueur moyen de Ligue 1,
reconnaît-il. Je préférais en
être un bon de Ligue 2. J’ai donc évolué à
Dunkerque puis à Créteil et enfin à Beauvais. »
La
suite est un peu plus exotique. Un séjour à l’Île
de la Réunion (« deux ans au paradis ») ; deux montées
avec le club de ‘Culoz’ au sein duquel il est entraîneur-joueur
; retour à Beauvais au centre puis en tant qu’adjoint du coach
de l’équipe pro ; départ pour le pôle espoir de la
FFF puis pour celui de Châteauroux. Et enfin, Metz… «
Pendant une période, je ne savais pas trop quelle orientation donner
à ma carrière. Je pense désormais que je suis fait pour
la formation. Je préfère construire plutôt que d’utiliser.
»

Jean - Robert, après
quelques semaines passées sur les bords de la Moselle, comment vous sentez-vous
au sein du club ?

Jean-Robert Faucher : « Comme un poisson dans l’eau
! Ici, tout est fait pour la formation. A l’intérieur du centre,
on aime les joueurs et cela se ressent. Former un garçon est un tout.
Il y a le travail que nous, entraîneurs, effectuons sur la pelouse et
ce qui se passe en dehors. A cet âge, ils ont besoin de sentir un soutien,
de ne pas être livrés à eux-mêmes. C’est un
paramètre important dans la construction d’un joueur. Les jeunes
proviennent de destinations très diverses. La multitude de profils les
obligent à s’ouvrir. A ce titre, le Chinois Wang Chu est un exemple
d’intégration, tant au niveau de la langue que du comportement.
Sur le plan des structures, le centre est très fonctionnel, sa dimension
est optimale. Ce n’est ni une usine à gaz, ni trop petit. Et il
existe une proximité avec l’équipe professionnelle qui représente pour nous une réelle plus-value puisque nous pouvons
nous en servir. »

Comment se passe votre intégration
au sein de l’équipe des éducateurs ?

J-R.F. : « Même si nous avons des profils différents,
il y a une cohésion dans l’encadrement. Je pense que les joueurs
le ressentent et c’est nécessaire. La catégorie des 16 ans
représente un palier. C’est le passage de la prise en charge totale
à une forme d’autonomie. Les garçons qui sortent de la préformation
ont des acquis, mon rôle est d’approfondir leur bagage technique
et leur niveau tactique, leur inculquer des principes de jeu offensifs et défensifs.
Dans ce domaine, il faut composer avec l’attention qu’ils sont capables
d’apporter et réussir à les rendre actifs. Il faut parvenir
à les intégrer à ce qu’on recherche. Pour certains,
c’est naturel, pour d’autres c’est totalement artificiel.
On ne peut pas tout donner aux joueurs, ils sont seuls une fois sur le terrain.
Durant les séances, j’exige de l’intensité physique
et psychologique, de la concentration. Mes fils conducteurs sont la rigueur
et le travail. S’appuyer là-dessus demande un équilibre
dans les discours : être exigeant lors des séances mais aussi détendu
en dehors. »

Vous êtes-vous fixé
des objectifs en termes de résultats ? Est-ce compatible avec la progression
individuelle des joueurs ?

J-R.F. : « Pour avoir fréquenté le milieu
professionnel, je sais ce qu’espère un staff quand il intègre
un jeune dans son effectif. Un entraîneur aura besoin d’un joueur
à l’écoute, capable de s’insérer rapidement
dans l’équipe. Notre objectif est donc de préparer le joueur
et l’homme. En tant que formateur, on dit souvent que réussir à
faire passer en A trois joueurs par promotion est un bon résultat. Bien
sûr, on ne peut s’accaparer leur réussite. C’est l’équipe
d’éducateurs qui doit tirer le joueur vers Saint-Symphorien. A
côté de cela, il ne faut pas oublier ce qu’on représente
et ce qu’on est : une formation provenant d’un club professionnel.
A partir de là, nous sommes obligés d’avoir des objectifs
élevés. Celui que j’ai fixé aux joueurs cette année est de
remporter la première phase du championnat (ndlr : le Championnat de
France des 16 ans est divisé en plusieurs groupes, la première
phase oppose les équipes d’un même secteur). On doit prendre
en compte ces deux axes et tenter de ne jamais s’en éloigner. »

Comment voyez-vous la relation
éducateurs - joueurs ?

J-R.F. : « Nous sommes des guides, mais il faut aussi
que le joueur se forme lui-même. L’axe mental est déterminant.
Au cours de ma carrière, j’ai vu pas mal de joueurs très
doués rester sur la touche. A seize ans, on ne peut pas forcément
se rendre compte de tout. C’est là que l’éducateur
entre en jeu afin que le joueur sache qui il est, où il peut et veut
aller et par quelles étapes il doit passer pour y parvenir. »

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