Metz - Clermont, je réserve ma place

Luc Labeeu en phase L2

Le kiné des Grenats Luc Labeeu a vécu le terrible exercice 2005/2006 de l’intérieur. Cette année de souffrance silencieuse lui est longtemps restée en travers de la gorge. Désormais, il respire, savourant la saine ambiance retrouvée du vestiaire mosellan.
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Luc, avez-vous digéré
la saison passée ?

Luc Labeeu : « On peut considérer que c’est
digéré car le climat de travail est tout à fait différent.
Il a redonné l’envie de s’investir, de travailler. Lorsque
l’équipe descend, cela impose une certaine remise en question.
Bien sûr, une relégation n’intervient pas car il y a plus
ou moins de blessés que la saison précédente. Mais il y
a eu un changement d’entraîneur et je ne pouvais pas savoir à
l’avance ce que Francis comptait faire au niveau médical. L’équipe
que nous formons est en place depuis sept ans et elle fonctionne bien. Je me
suis senti un peu menacé. Au mois de mai, je n’étais pas
spécialement bien. Après, je me suis mis à jouer le jeu
de la remontée. Comme tout le monde autour de moi le fait également,
cela fonctionne. Lorsqu’il y a les compétences et l’enthousiasme,
la réussite vient. Comme dans tous les domaines. »

C’est votre treizième
saison au sein du club. Avez-vous toujours le même plaisir à exercer
votre métier ?

L.L. : « Oui car il est un peu différent. Déjà,
mes interlocuteurs changent. José, Cyril et Francis, cela fait tout de
même trois personnages nouveaux dans le staff technique. Ensuite, une
bonne moitié de l’effectif a été modifiée.
Les joueurs sont plus jeunes, j’ai un rapport différent avec eux
qu’avec des garçons expérimentés. A une période,
j’avais quasiment le même âge que certains joueurs. Je n’avais
pas le même rapport avec Sylvain Kastendeuch à l’époque
qu’avec Nicolas Farina maintenant, par exemple. Enfin, je suis plus actif
sur le terrain qu’auparavant et j’en suis ravi. »

Justement, en quoi consiste cette
mystérieuse ‘phase 3’ dont vous vous occupez ?

L.L. : « Il s’agit de sortir les joueurs revenant
de blessure de la phase de soins afin de les amener à un travail athlétique
pur et dur. A l’issue de mon intervention, ils doivent être capables
d’effectuer tous les exercices que pourrait leur demander Jeremy Moureaux.
C’est une sécurité médicale et paramédicale
pour lui. Si nous ne passions pas par cette étape, il y aurait un risque
que les joueurs soient gênés à un moment donné, ce
qui freinerait leur progression. C’est une phase importante. Pour les
soins, nous pouvons nous appuyer sur Didier (Laguerre) et Jacques (Muller).
»

Par rapport à vos débuts,
utilisez-vous des techniques différentes ?

L.L. : « Sur certains points, oui, mais c’est difficile
à expliquer. J’ai compris au fil des années que les joueurs
avaient besoin de soins plus calmes. Tous les jours, il leur est demandé
d’être au maximum de leur potentiel en termes de vitesse et de puissance.
De temps en temps, cela leur fait du bien d’avoir des moments de relâchement,
d’effectuer des postures ou de la relaxation. C’est un vrai plus.
Les kinés sont plus proches des joueurs que le staff technique. Désormais,
j’accepte plus régulièrement de faire des massages ‘de
complaisance’ ou de prendre quelqu’un en soins 45 minutes. D’autant
que c’est là qu’ils se confient… »

Vous voyez tout ce qui se passe
à l’intérieur du groupe et devez respecter un devoir de
réserve. Cette contrainte n’est-elle pas difficile à vivre
par moments ?

L.L. : « Vous avez mis le doigt sur un sérieux
problème. En effet, il arrive que je bouillonne intérieurement
par rapport à ce qui se passe. Mais mon rôle ne me permet pas de
m’exprimer ni même d’envoyer mon opinion à la figure
des joueurs. Cela me conduit à vivre des situations assez paradoxales,
où je dois faire mon boulot presque sans réfléchir. Il
n’y a à ce moment là plus de sentiment, je pratique un acte
purement technique. C’est parfois insupportable. Heureusement, cela n’est
plus arrivé depuis la saison dernière. »


Arrivé en 1993, Luc Labeeu a connu les plus belles années messines comme les plus noires.

Vous êtes un témoin
privilégié de l’évolution du football de ces dernières
années. Quelle a été son influence sur la mentalité
des joueurs ?

L.L. : « Dans l’état d’esprit, ils
ont beaucoup changé. Ils sont plus avides de réussir rapidement
à tous les niveaux. Ils manifestent une forme d’impatience par
rapport à leur situation sportive et extra sportive. On ne sentait pas
du tout cela avant. Ils sont également plus individualistes. Par le passé,
la plupart des éléments d’un groupe plaçait l’équipe
avant leur intérêt personnel. Ce n’est plus forcément
le cas désormais. Maintenant, je ne suis pas persuadé que tout
cela soit de leur faute. C’est d’abord le système qui a entraîné
cette évolution des mentalités. »

Quel regard portez-vous sur ce
système, qui a radicalement basculé après la Coupe du Monde
1998 ?

L.L. : « Il y a deux aspects essentiels : l’inflation
des salaires et la plus grande liberté de mouvement des joueurs. De mon
côté, j’y vois surtout un problème au niveau médical
dans la mesure où les garçons sont davantage sollicités,
trop à mon goût, et surtout de plus en plus tôt. Désormais,
il n’est pas rare de voir un joueur arrivant au terme de sa formation
avoir subi une ou plusieurs opérations. Cela m’amène à
me poser une question : le sport à outrance est-il un bien ? C’est
peut-être le haut niveau actuel qui demande cela, mais si c’est
pour créer des ‘élites’ qui durent cinq ans, à
quoi bon ? Nous nous retrouvons avec des garçons qui, au moment où
ils devraient s’épanouir, sont déjà à moitié
‘cuits’. Du coup, ils explosent… dans le mauvais sens. En
tant que sportif, j’aurais sans doute foncé si on m’avait
proposé d’intégrer un centre de formation. Là, avec
le recul, je me demande si le jeu en vaut véritablement la chandelle.
Il est question de santé. »

En tant que kiné, n’êtes-vous
pas tenté de vous tourner vers des disciplines où l’aspect
physique est encore plus influant dans le résultat final comme l’athlétisme,
par exemple ?

L.L. : « Non, car j’aime le football et j’ai
toujours pratiqué les sports collectifs plutôt que les sports individuels.
Je préfère m’occuper d’un groupe plutôt que
d’une seule personne. Le football est le sport que je connais le mieux.
Pour être compétent, il faut rester dans son domaine de connaissance.
Je ne sais pas si je serais efficace devant les pathologies du tennisman, qui
sont forcément différentes de celles du footballeur. »

N’éprouvez-vous
pas l’envie d’étendre ce domaine de compétence ?

L.L. : « Si j’avais pu, j’aurais bien fait
de l’ostéopathie mais c’était cinq ans en plus de
mes années de kiné. Actuellement, poursuivre des études
n’est pas compatible avec mon emploi du temps. Aller à un congrès
ou effectuer de petites formations, c’est toujours positif. Je lis également
pas mal de revues. Mais pour le moment, je n’ai pas l’envie de passer
complètement à autre chose. »

Pour finir, ce groupe 2006/2007,
comment le sentez-vous ?

L.L : « Il vit très bien, les résultats
aidant évidemment. Tous ceux qui en font partie ont tout intérêt
à s’y accrocher car il progresse. Celui qui reste en retrait manque
quelque chose. Une émulation et une concurrence se sont mises en place.
Cela ne sera sans doute pas toujours bien vécu par chacun. Mais ceux
qui joueront moins devront s’attacher à ne pas s’en exclure.
Il vaut mieux faire partie d’un groupe de 25 joueurs qui montent que de
17 qui descendent… »

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