ACTE I: Metz tient enfin sa victoire, Strasbourg n'a plus que ses yeux pour pleurer
L'affiche était certes alléchante pour cette sixième journée de championnat,
mais le stade Saint Symphorien ne faisait pas le plein hier soir (16000 spectateurs).
A la décharge des supporters messins, outre le fait que le match se disputait
un mercredi, il fallait une sérieuse dose de courage et de passion pour affronter
cette pluie battante et les dix malheureux petits degrés de cette soirée.
Les données d'avant match étaient simples : le voisin strasbourgeois avec sa
défense si perméable venait en terre lorraine avec la ferme intention de confirmer
son redressement de la 5ème journée (3-2 contre Sedan) et surtout d'éviter les
opérations portes ouvertes à chaque match (15 buts encaissés en 5 rencontres
!).
Les grenats quant à eux, malgré le faux pas lillois, avaient à coeur de rééditer
le match disputé contre le PSG et d'effacer le souvenir de la déception de la
deuxième journée (1-2 contre l'AJ Auxerre dans les arrêts de jeu).
Une seule demi-surprise à l'entame du match, hormis ce fichu temps de rentrée
scolaire, la première titularisation du jeune Eric Hassli à côté de Gérald Baticle
à la pointe de l'attaque. Geoffray Toyes blessé, Philippe Gaillot réintégrait
la défense messine, il n'y avait pas d'autres changements à noter dans l'équipe.
La pelouse détrempée ne favorisait pas le jeu des deux équipes et on notait
certes quelques maladresses, mais la domination messine ne faisait aucun doute,
Eric Hassli et Gérald Baticle étaient intenables à la pointe de l'attaque, leur
homologue strasbourgeois Guy Luyindula n'était pas à pareille fête bien trop
esseulé. A la 35ème minute de jeu, Gérald Baticle est stoppé irrégulièrement
par Pascal Johansen, Frédéric Meyrieu s'élance et Thierry Debes s'interpose.
Stupeur dans les travées de St Symphorien ! Ce n'est que partie remise, Hassli
et Baticle repartent de plus belle mais les tirs ne sont pas cadrés : les intentions
sont là, la finition pêche parfois, mais les conditions de jeu (flaques d'eau)
favorisent le jeu attentiste alsacien.
A la reprise, changement de décor, la pluie à la grande joie des spectateurs
(et assurément des joueurs) a cessé de tomber mais les frissons d'effroi qui
parcourent 16000 échines sont à mettre au crédit des strasbourgeois. C'est une
tornade bleue et blanche qui s'abat subitement sur les messins : reprise de
volée de Corentin Martins repoussée par Faryd Mondragon, deuxième tentative
de Lyindula sans succès, le portier messin veille au grain. En faisant jouer
ses hommes plus haut, Claude Leroy joue le quitte ou double, tant les contres
messins peuvent s'avérer dangereux. A l'heure de jeu les grenats se sont ressaisis
: Hassli est toujours aussi actif, épaulé par Johnatan Jager rentré en remplacement
de Christophe Bastien. Joël Muller veut les trois points, et trois hommes -
puis bientôt quatre (Patricio D'Amico entre à son tour en piste pour faire la
différence) - en pointe ne seront pas de trop face au bloc défensif ciel et
blanc. Le verrou alsacien tient bon, mais le tournant du match se produit à
10 minutes de la fin : Devaux (82) et Fischer (85) rejoignent les vestiaires
pour avoir confondu virilité et agression.
A 11 contre 9 les grenats se ruent à l'attaque et campent devant le but de Thierry
Debes. Sur une action confuse (que de monde dans cette surface de réparation!),
Doukantie fait une main indiscutable, écope d'un carton jaune (88ème),
PENALTY ! Gérald Baticle s'avance, ouvre son pied droit et ne tremble pas...1-0.
Saint Symphorien explose, le coeur en fête le stade chavire, rythmé par la danse
de Batigoal acclamé sous les "Houras".
La feuille de match :
Championnat de France, 6ème journée, mercredi 6 septembre 2000,
20 heures
FC Metz 1 - 0 RC Strasbourg (mi-temps, 0-0)
Stade Saint-Symphorien. Spectateurs. 16 000 Arbitrage de M. Ledentu.
Température automnale et pluie battante, pelouse en bon état.
But :
Baticle (88', s.p.) pour Metz.
Avertissements :
Baticle (38') et D'Amico (77') pour Metz;
Fischer (28'), Devaux (58') et Doukantie (87') pour Strasbourg.
Expulsions :
Devaux (82') et Fischer (85') pour Strasbourg.
Les équipes :
FC Metz: Mondragon, Kastendeuch (cap, D'Amico
76'), Pierre, Gaillot, Schemmel, Proment, Boffin, Bastien (Jager 68'), Meyrieu,
Baticle, Hassli.
Entraîneur: Joël Muller.
RC Strasbourg: Debès, Bertin (cap), Devaux,
Fischer, Beye, Doukantie, Diop, Johansen, Camadini, Martins (Roda 67'), Luyindula
(Ljuboja 75'). Entraîneur: Claude Le Roy.
ACTE II: Triste spectacle
Décidément, les abrutis n'en finiront jamais de pourrir le jeu. Et si la bêtise
humaine est malheureusement universelle, c'est Strasbourg qui en a été la victime,
par la faute d'un de ses "supporters".
Le sport rabaissé au rang de fait-divers, et voilà une lamentable publicité
qui apportera (si de tels faits se répètent) de l'eau au moulin aux tenants
des grillages. L'effet festif et convivial de la Coupe du Monde va-t-il disparaître?
Il serait exagéré de crier au loup trop tôt mais cet acte isolé pourrait (surtout
s'il venait à se reproduire) ne rien présager de bon.
De sport il n'y a donc pas eu hier soir à la Meinau. L'amertume et les images
étaient trop présentes dans nos esprits pour tenter d'écrire au coup de sifflet
le moindre compte-rendu du match.On ne retiendra qu'une première mi-temps crispée
et crispante, où mis à part un tir de Meyrieu sur la transversale dès la 4ème
minute, les spectacteurs n'eurent guère l'occasion de s'enthousiasmer et de
se réchauffer. Dans ce cauchemar; de vagues souvenirs d'une révolte "ciel et
blanc" en seconde période, d'un Lyindula virevoltant, d'une tête victorieuse
de Ljuboja sur un corner de Martins (65 ème) se mêlent et s'entrechoquent avec
l'image poignante d'une jeune femme évacuée sur une civière, Nelly Viennot,
l'arbitre assistante, étant touchée au visage par un pétard.
Alarmantes, les premières nouvelles de la jeune femme se sont heureusement améliorées
au fur et à mesure de la soirée. Éric Poulat, l'arbitre de la rencontre confiait
ainsi : "Nelly va mieux. Elle tremble beaucoup. On a attendu avant de prendre
la décision pour voir si elle pouvait reprendre sereinement. Comme elle est
encore très choquée, il était impossible de recommencer à jouer dans ces conditions.
Un rapport circonstancié sera fait. Il appartiendra à la commission compétente
de trancher". Car si la commission de discipline de la LNF suit la jurisprudence
en vigueur, les coéquipiers de Martins ressortiront de cette triste soirée par
une défaite sur tapis vert 3-0, une sanction financière et un terrain suspendu
pour quelques matches.
Une hypothétique victoire au goût amer pour les messins et dont il serait indigne
et malvenu de se réjouir ! "Quand la connerie s'en mêle il est difficile de
gagner un match", lâchait, visiblement meurtri, dégoûté Yvon Pouliquen quelques
instants après le retour aux vestiaires des deux équipes. Tandis que Patrick
Proisy ajoutait : "J'ose espérer que c'est le geste d'un désœuvré qui ne remettra
plus les pieds dans un stade. Il parait inconcevable que ce soit un Strasbourgeois
qui ai fait ça". Et pourtant...dans la soirée on apprenait que le "fauteur de
trouble" (expression bien dérisoire) -ou devrait plutôt parler d'agresseur?-
était interpellé par les forces de l'ordre. Et dire que cette journée était
placée sous le signe du fair-play...Vraiment c'était un bien triste spectacle
!
RC Strasbourg 1 - 0 FC Metz (0-0, mi-temps).
Match arrêté à la 68ème Stade de la Meinau, 10 000 spectateurs environ.
Arbitrage de M. Poulat.
But : Luyindula (64ème) pour Strasbourg.
Avertissements : Johansen (43ème) pour Strasbourg; Pierre (50ème),
Meyrieu (54ème) pour Metz.
Les équipes :
RC Strasbourg : Eggimann, Njanka,
Bertin, Devaux, Amzine, Ehret, Johansen, Martins (cap.), Camadini, Luyindula,
Ljuboja.
Entraîneur : Yvon Pouliquen.
FC Metz : Mondragon, Marchal, Kastendeuch
(cap.), Toyes, Proment, Van Handenhoven, Bastien, Meyrieu (Jager, 62'), Pierre,
Baticle, Moreno.
Entraîneur : Joël Muller.