Les esprits chagrins évoquaient avant la rencontre, tantôt avec malice, tantôt
avec résignation, un énième remake de "Mission Impossible", tant les dernières
rencontres avaient tourné à l'avantage des "Sang et Or". L'enjeu de ce match
pour les deux adversaires d'un soir était clair : les trois points afin de se
donner un peu d'air au classement, et accessoirement pour les messins vaincre
enfin le "signe indien". On s'attendait sur les bords de la Moselle à un match
enlevé, tout en se méfiant de cette formation lensoise "estampillée" Courbis,
préférant subir le jeu et capable de le renverser par des contres rapides.
Mais c'est pourtant le FC Metz qui procède ainsi, à l'image de Jonathan Jager,
parti seul dans un trou de souris et taclé régulièrement par José Pierre-Fanfan
(4'). Les joueurs de Joël Muller dominent stérilement, mais le premier quart
d'heure est bien terne tant les deux équipes semblent se craindre. Il faut attendre
la vingtième minute pour voir le premier tir cadré de la partie, signé Antoine
Sibierski des 20 mètres (20'). Insuffisant pour inquiéter Faryd Mondragon. Mais
ce n'est que partie remise car deux minutes plus tard, sur un coup de pied arrêté,
ce même Sibierski ouvre la marque de l'intérieur du pied, au second poteau,
à la réception d'un coup-franc de Philippe Brunel (0-1, 22'). Coup de froid
dans les travées de Saint Symphorien et troisième but encaissé de la sorte en
trois semaines. Vexés, et poussés par le public, les Messins repartent à l'assaut
des buts de Guillaume Warmuz. Trop timidement : la frappe écrasée des 20 mètres
de Grégory Leca est sans danger pour Guillaume Warmuz (24'). les Lensois procèdent
par contre et sur un centre tendu de Philippe Brunel, Faryd Mondragon doit se
coucher, pour devancer El-Hadji Diouf qui se jette au premier poteau (34').
Mais la volonté messine va payer. Frédéric Meyrieu, auteur d'un match plein,
ouvre magistralement en profondeur pour Jonathan Jager, qui contrôle dans la
course et d'une phénoménale demi-volée propulse la balle au fond du but de Guillaume
Warmuz (1-1, 39'). Les 19 000 fidèles de Saint Symphorien se congratulent, et
c'est sur ce score de parité que les deux équipes rentrent au vestiaire.
A la reprise, Rolland Courbis joue la carte offensive : Franck Queudrue et Daniel
Moreira sont entrés à la place d'Eric Sikora et Radek Bejbl pour les Sang et
Or. Christophe Bastien ne s'en laisse pas compter en envoyant une reprise de
volée des 20 mètres juste au-dessus de la transversale de Guillaume Warmuz (46').
Fausse alerte puisque, comme en début de partie, le premier quart d'heure se
joue sur un faux rythme. Il faut attendre l'heure de jeu pour voir Frédéric
Meyrieu s'offrir un déboulé côté droit et adresser un centre en pleine surface
que Jager reprend sans contrôle. Guillaume Warmuz évite à Lens un second but
avec un arrêt réflexe. Peu à peu, la défense lensoise souffre et concède beaucoup
de fautes. Petites causes, grands effets, puisque sur un coup-franc de Frédéric
Meyrieu au second poteau, Pascal Pierre remet au centre pour Gérald Baticle
qui profite d'une faute de mains du portier lensois et pousse la balle au fond
des filets (2-1, 66'). Avantage mérité. Dans la foulée, Jonathan Jager part
seul au but mais échoue sur Warmuz qui se rattrape, pour le coup, de sa bourde
sur l'action précédente (68'). Le boulet du KO n'est pas passé loin pour des
Lensois trop timorés. Christophe Bastien remet d'ailleurs ça à l'entame du dernier
quart d'heure, bien lancé par Frédéric Meyrieu dans les 16,50 mètres, mais manque
de peu le cadre d'une frappe puissante et sans contrôle (75'). La fin de match
est 100% messine, la tête désespérée de Diouf sur un corner de Brunel (88')
puis sa reprise sur un centre de Sibierski (90') n'y changeront rien.
Metz se donne de l'air et bat enfin le RC Lens, mission accomplie.
La feuille de match :
CHAMPIONNAT DE FRANCE, 13ème journée 29 octobre 2000 - 19h00
FC METZ - RC LENS : 2 - 1
A Metz, stade Saint Symphorien. 18832 spectateurs. Bonne pelouse. Temps légèrement
venteux. Arbitre: M. Fraise.
Les buts :
pour Metz : Jager (38e) et Baticle (67e)
pour Lens : Sibierski (22e)
FC METZ : Mondragon - Schemmel, Pierre, Kastendeuch,
Toyes, Leca (puis Willemin, 76e), Bastien, Meyrieu , Boffin, Baticle, Jager
(puis d'Amico, 81e).
RC LENS : Warmuz, Sikora (puis Queudrue,
46e), Dumas, Pierre-Fanfan, Coly, Brunel, Bejbl (puis Moreira, 46e), Blanchard,
Sibierski, Sakho (puis Bucher, 81e), Diouf. Les avertissements Toyes (62e) Meyrieu
(86e) Coly (26e) Dumas (66e)
Les commentaires d'après match :
Joël Muller: "Nous avions besoin des trois points, nous les obtenons,
j'ai envie de dire ouf! Même menés au score, nous sommes restés cohérents et
unis. Plutôt qu'un match plein, je parlerais plus volontiers d'un match intelligent.
Revenir sans s'énerver prouve que l'on progresse. En revanche, nous avons encaissé
notre troisième but sur coup de pied arrêté en trois rencontres... Cela dit,
c'est une bonne soirée pour le FC Metz, une soirée que l'on attendait depuis
longtemps et qui nous a permis de retrouver une communion entre les joueurs
et le public."
Jonathan Jager: "Je suis heureux de marquer après un mois d'arrêt et
d'offrir ce but à ma fille, Emma. Je profite d'un superbe ballon de Fred Meyrieu,
j'ai un peu de réussite sur le contrôle puis je frappe sans me poser de question.
Je suis content pour moi, content pour l'équipe... En revanche, je m'en veux
un peu d'avoir raté le but du KO: le matin même, j'avais revu les images de
Lens-Sedan et Brogno, dans la même situation, avait marqué. J'ai fait l'inverse
de lui face à Warmuz et c'est fâcheux."
Sébastien Schemmel: "C'est une victoire que nous sommes allés chercher
avec nos tripes. A 1-0 contre nous, il nous est arrivé de douter pour moins
que ça mais le public nous a poussé et c'est aussi grâce à lui que nous sommes
revenus."
Rolland Courbis: "On pensait avoir fait le plus dur mais à trop multiplier
les maladresses, voilà ce qui arrive. Metz a mérité d'égaliser puis a marqué
un deuxième but logique. On parle de nos problèmes offensifs, mais je vois des
buts évitables. Le Lens de ce soir me paraît bien trop moyen pour atteindre
son objectif..."
Carlo Molinari : "Cette victoire nous fait énormément de bien. Nous n'avions
pas le choix: il nous fallait ces trois points. D'abord pour sortir de la spirale
de nos mauvais résultats, d'une manière générale, avec Lens qui était un peu
notre bête noire. Ensuite pour quitter celle des derniers résultats négatifs,
avec les défaites qui commençaient à s'accumuler. Et cette victoire nous soulage
d'autant plus qu'elle a été obtenue aux dépens d'un adversaire brillant, avec
des attaquants de grande qualité."