Difficile de débuter cette interview sans évoquer la première place du classement puisque le FC Metz est leader de Ligue 2 après 12 journées. Est-ce que cela vous étonne ?
Romain Rocchi : « Honnêtement, je pense que nous n’avons pas volé cette place au vu de nos prestations, surtout que je garde toujours en travers de la gorge les deux points perdus injustement face à Niort. Je ne pense pas que notre début de saison soit le fruit du hasard. Cela dit, en m’engageant au FC Metz, je n’imaginais pas que nous en serions là aujourd’hui. Je suis agréablement surpris tout comme je le suis au sujet de l’ambiance au sein du vestiaire mais aussi du club, de la qualité du groupe et des compétences du staff. Tout cela fait finalement une belle addition. »
Le promu messin est aujourd’hui sous le feu des projecteurs. Craignez-vous des excès de confiance ?
R. R. : « Nous allons voir comment l'effectif va gérer cette première place tout au long de la semaine. N’importe quel groupe peut-être touché par cela mais je ne m’en fais pas à ce sujet. Les joueurs les plus expérimentés n’hésitent pas à faire des piqures de rappel aux plus jeunes, même si honnêtement je ne suis pas certain qu’ils en aient besoin. Ils ont tous encore en tête le scénario de la saison 2011-2012 et évoquent souvent le fameux match face à Bastia. Le coach est également très attaché à tout ce qui à trait aux comportements et aux états d’âmes. Il n’a pas peur de sanctionner comme il l’a montré à plusieurs reprises. Je fais confiance à Albert Cartier pour que nos valeurs, à savoir l’humilité et le travail, soient toujours au cœur de notre projet. »
Sur le plan personnel, vous avez manqué deux montées en Ligue 1 avec le FC Metz. Avez-vous une revanche à prendre ici ?
R. R. : « Je n’ai pas signé au FC Metz pour espérer remonter en Ligue 1, je suis avant tout venu apporter mon expérience et mon vécu à ce club qui m’est cher. Mais, si cela venait à se produire, ce serait effectivement une grosse revanche sur mes deux premières saisons en Moselle mais aussi par rapport à ma carrière en général. J’ai toujours pensé que je pouvais jouer un peu plus en Ligue 1. Si le FC Metz remonte parmi l'élite un jour ce serait vraiment extraordinaire, surtout que ce club le mérite amplement. »
Pour diverses raisons, certains retours ne sont pas toujours des réussites. Avez-vous eu des craintes par rapport à cela en revenant en Lorraine ?
R. R. : « Non, aucune. J’ai eu tellement de bons rapports avec les supporters ou les dirigeants par le passé que je ne me suis pas posé de questions là-dessus. Et puis, la saison dernière, j’ai réalisé une de mes meilleures saisons donc je suis avant tout heureux, confiant et motivé avant d’être inquiet. Je me suis quand même remis en questions après mes premiers matches mais depuis j’ai retrouvé de bonnes sensations et je me sens même mieux que lors de mon premier passage à Metz. Je me sens vraiment en symbiose avec la tactique de l’équipe, physiquement j’ai retrouvé un poids de forme que je n’avais plus eu depuis longtemps et moralement tout se passe bien dans ma vie privée et au sein du club. »
Vous avez été une des premières recrues messines cet été. Que pensez-vous finalement des choix effectué par le club dans ce domaine ?
R. R. : « Bernard Serin m’avait dit qu’il souhaitait recruter un joueur d’expérience à chaque ligne afin d’obtenir une "colonne vertébrale" d'expérience mais je n’avais pas d’indications au sujet des noms. Puis, Sylvain Marchal est arrivé, ce que j’ai trouvé super car il a un vécu énorme et qu’il a été formé ici. J’ai été étonné aussi que Jérémy Choplin quitte le SC Bastia pour nous rejoindre. Ensuite, Nicolas Fauvergue ce fut la cerise sur le gâteau. Je trouve le recrutement superbe et parfaitement cohérent. »
Lors de votre premier passage à Metz vous aviez découvert Sakho, Bourgeois, Métanire, M’Fa et Ngbakoto. Vous les retrouvez trois ans plus tard, que pensez-vous de leur évolution ?
R. R. : « Diafra Sakho est celui qui a le plus joué avec nous à l’époque. Il a énormément progressé et beaucoup mûri. C’est un garçon qui a un caractère fort mais qui arrive à se canaliser, c’est devenu une force pour lui aujourd’hui. Sa progression technique est impressionnante. Yeni Ngbakoto a pris de la bouteille lui aussi, il a de l’assurance aujourd’hui même si je pense qu’il en a encore pas mal sous la semelle ! Ils sont tous talentueux et ont beaucoup progressé, la saison passée en National les a tous fait grandir. J’ai été surpris par leur "esprit club". Ils aiment tous le FC Metz et c’est beau à voir car c’est loin d’être le cas dans toutes les autres équipes. »
D’une manière générale, trouvez-vous que les choses ont beaucoup changé à Metz ?
R. R. : « En arrivant, j’ai été surpris par les ondes positives et par l’esprit plus sain du club. Je ressens beaucoup de choses positives par rapport à mon premier passage. Tout le monde a un réel attachement au maillot grenat, on sent qu’il y a une âme. »
Metz possède actuellement la deuxième meilleure affluence de Ligue 2 et a déjà accueilli une rencontre à guichets fermés et plus de 18 500 supporters à l’occasion du match pour la première place face à Angers. Vous attendiez-vous à une telle ferveur ?
R. R. : « L’un de mes objectifs ici est de revoir le Stade Saint-Symphorien plein avec des supporters heureux. Je le ressens aujourd’hui. Au fil des années, on se rend compte à quel point c’est agréable de donner du plaisir aux gens. J’ai toujours aimé le Stade Saint-Symphorien et tous les matches à domicile ne sont que du bonheur depuis le début de la saison. En mûrissant, je prends de plus en plus le temps d’apprécier ces moments de communion et de partage avec le public, plus jeune cela ne me touchait pas autant. Je me rends compte de la chance que j’ai de pouvoir vivre ces instants magiques. »
Vous avez réalisé une entame de saison hésitante mais, depuis septembre et le déplacement à Caen, vous semblez au top de votre forme. Que s’est-il passé ?
R. R. : « Il a fallu que tout se mette en route. Rapidement, on m’a demandé d’être un meneur et d’ "aboyer" sur le terrain. J’ai dû me sentir capable de le faire mais aussi faire en sorte que mes coéquipiers acceptent cela, surtout que certains jeunes ne connaissaient rien de ma carrière à mon arrivée. Cette confiance se gagne, elle n’est pas acquise. Dans un deuxième temps, il y a eu un réajustement tactique avec Ahmed Kashi qui nous a fait beaucoup de bien. Après le match face à Niort, nous avons réalisé une séance vidéo tous les deux avec José Jeunechamps. Cela a finalement porté ses fruits dès la journée suivante à Caen. J’ai eu besoin d’un temps d’adaptation, ce qui est normal après tout. Et puis, étant suspendu pour le premier match, j’ai été coupé dans ma préparation, ce qui ne m’a pas aidé non plus. »
Comment se passe l’entente avec Ahmed Kashi et les autres milieux défensifs du groupe ?
R. R. : « Tout se passe très bien entre nous. Les entraînements sont très poussés au niveau tactique et il y a des rappels chaque semaine à ce sujet. Cela semble fonctionner puisque Chris Philipps à Brest s’est parfaitement illustré pour sa première titularisation. En entrant sur le terrain, tous les joueurs du groupe savent parfaitement ce qu’ils doivent faire. Pour ce qui est d’Ahmed Kashi, avec qui je suis le plus régulièrement amené à évoluer à la récupération, tout se passe au mieux sur le terrain et même en dehors. J’aime sa personnalité, il est humble, discret, à beaucoup d’humour, ce qui est une qualité que j’adore chez les gens, et c’est un sacré bosseur ! Il possède de nombreuses valeurs qui sont importantes pour moi. Sur le terrain, il ne prend pas beaucoup la parole mais je compense en m’exprimant beaucoup. Nous sommes complémentaires. »
Vous êtes un véritable leader au sein de l’équipe messine. Comment vous sentez-vous dans ce rôle ? Avez-vous besoin de vous forcer ou est-ce que cela est naturel chez vous ?
R. R. : « Sur le terrain, je suis très impulsif car je suis pris par le jeu et par l’envie. Cela a longtemps été un défaut car je ne parvenais pas à me canaliser et j’avais du mal à arrondir les angles dans ma communication. Depuis, j’ai passé le cap de la trentaine, je suis devenu papa et suite à quelques "clashs" je me suis rendu compte qu’il fallait prendre du recul et adapter sa communication en fonction des personnalités de chacun. Je l’ai compris en grandissant. Je savais en arrivant ici que j’aurais ce rôle, notamment auprès des jeunes qui sont à l’écoute, ce qui est agréable. Je me sens totalement capable d’assumer cette tâche aujourd’hui mais cela n’aurait pas forcément été le cas il y a encore trois ans en arrière. »
Le FC Metz va faire son entrée en lice en Coupe de France prochainement. Est-ce un objectif pour le club de réaliser un bon parcours dans cette compétition ?
R. R. : « Nous n’en avons pas encore trop parlé. La Coupe de France est une aventure spéciale car elle peut permettre aux petites équipes de se révéler, elle peut-être une source de motivation pour tout un groupe ou à l’inverse déconcentrer de ses objectifs premiers. Certains entraîneurs estiment que cela appartient aux joueurs, peut-être que c’est le cas. Nous verrons bien ce que le coach nous dit et s’il va faire tourner l’effectif ou non. Je ne serai pas contre faire un beau parcours avec Metz dans cette compétition car elle a une saveur particulière pour moi puisque je l’ai remportée avec le Paris Saint-Germain en 2004. »
Le tirage du 7ème tour se déroulera mercredi sur les coups de midi. Une préférence tout de même pour le premier adversaire ?
R. R. : « Pourquoi pas une petite équipe de Moselle dans un stade fermé avec une grosse ambiance. C’est rarement le scénario idéal mais cela permet aux gens de vivre de beaux moments. »